L’Esprit aurait-il perdu la tête ?

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L’Esprit aurait-il perdu la tête ?

Matthieu 4,1-11

L’Esprit-Saint aurait-il perdu la tête ? C’est une question qu’on peut se poser en lisant l’Evangile de ce premier dimanche de Carême qui commence par ces mots : « Jésus fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le diable. » L’Esprit conduit sciemment Jésus dans un lieu particulièrement inhospitalier. Et il le fait pour que Jésus soit tenté par le diable… on aura tout vu !

Parlons d’abord du désert. Pour qui a eu la chance d’y voyager, ce mot évoquera certainement des souvenirs. Mais nous sommes nombreux à ne pas connaître cette expérience. Pourtant… Nous connaissons TOUS le désert. Tous. Sous une forme ou une autre.

Le deuil, le chômage, la solitude, la dépression, l’addiction, le blues, le désespoir, la mise à l’écart, l’indifférence sont de redoutables déserts. Chacune, Chacun de nous connaît – sinon pour soi-même, du moins pour des proches – ces déserts, à plusieurs reprises dans une vie. Or le diable hante ces lieux désertiques de nos vies, il nous y attend pour nous tenter, notamment. A priori, on n’a donc pas trop envie de se rendre dans ces lieux-là…

Et pourtant, la Bible nous dit que l’Esprit nous y conduit. Qu’est-ce que ça veut dire ? L’Esprit-Saint voudrait-il absolument nous pousser à la souffrance pour que, par elle, nous méritions notre ciel ? Laissons ce dolorisme aux siècles passés auxquels il appartient.

L’Esprit saint CONDUIT… Voilà un verbe qui a un sens que nous connaissons bien, conduire ! Pensons à « conduire une voiture » par exemple. Vous n’allez pas la faire accélérer à 120 à l’heure pour ensuite ouvrir la porte et sauter en marche ! Le conducteur n’abandonne JAMAIS ce qu’il conduit. Conduire quelqu’un en montagne, en bon guide, c’est l’accompagner, le rendre attentif aux passages dangereux, l’aider à s’émerveiller des paysages, le pousser à se dépasser pour tirer de sa propre volonté l’énergie nécessaire pour parvenir au sommet. C’est ça, d’abord, conduire quelqu’un.

L’Esprit nous conduit : il est notre guide !

L’Esprit-Saint nous conduit, c’est-à-dire : il est notre guide dans les déserts de nos vies. Il nous y accompagne et nous aide à les traverser. L’Esprit reçu à notre baptême nous accompagne dans chacun des déserts de nos vies. Il sait très bien que les déserts sont des lieux de tentations, de mauvaises rencontres, mais il sait aussi que les déserts sont des lieux d’apprentissage, de progression, des lieux qui – si on prend la peine de les traverser – nous rendent adultes, nous mûrissent.

« Ce qu’il y a de beau, dans le désert, disait le Petit Prince, c’est qu’il cache un puits quelque part… » Laissons-nous donc conduire par l’Esprit-Saint dans le désert de ce Carême. Eh oui ! Le Carême aussi est un désert, pour peu qu’on se prive de quelque chose qui nous éloigne de Dieu. Nous rencontrerons le diable dans ce désert, c’est certain. Notamment au cœur de nos privations, il nous y attend.

Mais l’Esprit guide nos pas et, comme pour Jésus, il nous aidera à ne pas lui céder. Que l’Esprit-Saint nous accompagne, Chacune, Chacun, mieux : qu’il nous conduise dans le désert de ce Carême. Il n’a pas du tout perdu la tête ce faisant, au contraire : il prend la tête de notre marche. Suivons-le !

Vincent Lafargue

Publié sur www.cath.ch le 24 février 2023

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