Ciel ! Jésus est-il pécheur ??

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Homélie pour la Dédicace de St Jean du Latran

Ezéchiel 47, 1-2.8-9.12  /  Psaume 45(46)  /  1 Corinthiens 3, 9c-11.16-17 / Jean 2,13-22

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

Chers Amis,

J’ai une question pour vous, à quand remonte votre dernière colère ?

Je pourrais récolter les réponses… je gage que cela ne fait peut-être pas si longtemps ? Moi, c’était hier, je vous mets à l’aise !

Oui, mais là on a un problème, parce qu’alors on est tous pécheurs ! On apprenait jadis au catéchisme la liste des 7 péchés capitaux, les CAPITAUX, c’est à dire les chefs de tous les péchés, les plus graves, les plus lourds. Et dans la liste se trouvait… la colère !

Et là on a un tout petit problème parce que Jésus s’est mis en colère. Et quelle colère ! C’est un fouet qu’il fabrique avec des cordes pour chasser à coups de fouet les gens ce jour-là… On ne peut pas parler d’une petite colère, c’est une grosse colère !

Ce n’est pas la seule fois, d’ailleurs. Dans l’Évangile, Jésus se met en colère dans deux cas : quand on fait du commerce dans la maison de son père et quand on touche aux enfants.

Alors quoi ? Jésus est-il pécheur alors qu’on dit qu’il a traversé la vie sans commettre le péché ? On a un petit problème !

On a un petit problème en réalité, à cause de notre catastrophique traduction française de la liste des péchés. Ce n’est pas la colère qui est péché capital, pas du tout ! La colère, c’est une émotion. Une émotion comme la joie, comme la tristesse… Une émotion, c’est neutre en soi. Nous en avons tous. Il est bon de les laisser sortir d’ailleurs, parce que sinon ça fait du dégât, si on la laisse tourner. Mais une émotion, c’est neutre, il y a de bonnes colères et de mauvaises colères.

Pourquoi a-t-on mal traduit en français ? C’est la rage qui est péché capital, pas la colère ! Ça change tout !

Il y a un autre péché capital qui a été très mal traduit de la même manière, c’est la gourmandise. La gourmandise, c’est aimer ce qui est bon. Or, comme Dieu est bon… on a un petit problème ! Eh oui, ce n’est pas la gourmandise qui est péché capital, c’est la gloutonnerie, c’est pas la même chose !

La gloutonnerie c’est aimer à l’excès ce qui est bon.

Vous voyez que les traductions, ce n’est pas simple. Parfois, d’un mot latin, on a mal traduit et ça donne des catastrophes, comme notre ancienne version du « Notre Père » où on disait « ne nous soumets pas à la tentation » alors que Dieu ne soumet personne à la tentation.

Ce n’est donc pas la colère qui est péché capital.

 Il y a de « saintes colères » et celle de Jésus, ce jour-là, est une sainte colère parce que le Temple est profané, profané par des gens qui font du commerce, du business. Par de l’argent.

Je vous parlais de la deuxième colère de Jésus –  quand on fait du mal aux enfants – et en réalité, il s’agit de la MÊME colère.

Mais pour bien le comprendre, il faut passer par la deuxième lecture, la lettre de Paul aux Corinthiens. Cette lettre qui nous rappelle que notre corps, le vôtre comme le mien, est Temple de Dieu.

Notre corps est un sanctuaire qu’il ne faut donc pas profaner. Notre corps abrite la présence de Dieu… Comme on s’énerverait moins facilement sur notre prochain si on se rappelait qu’il a Dieu ou qu’elle a Dieu en lui, en elle… Le corps de chacune, chacun est Temple de Dieu, c’est ce que nous rappelait Paul.

Et c’est ce que nous rappelait Jésus aussi quand il disait : « Détruisez ce temple, et moi en trois jours, je vais le relever ! » Il parlait de son corps, bien sûr, trois jours après sa mort, il ressuscite.

Notre corps est Temple de Dieu. Et donc les enfants, tout comme nous, ont un corps qui est Temple de Dieu. Et si l’on en fait un objet de commerce ou de profanation, ça revient exactement au même que l’épisode des marchands du Temple. C’est la même colère de Jésus quand on touche au Temple de Dieu.

Or, la différence entre les enfants et nous : nous, nous pouvons défendre ce corps qui est le nôtre, comme on le peut.

Mais les plus petits, eux, sont sans défense.

Voilà pourquoi Jésus se met en colère quand on touche au corps sans défense : parce que c’est une profanation.

L’idée que nous avons Dieu en nous n’est pas si facile à intégrer. Vous avez toute une série d’activités de loisirs, méditation, yoga et compagnie, dans lesquelles on vous propose de faire le vide à l’intérieur de nous, vous savez… Et ça fait du bien parfois, de se vider la tête, de se vider l’esprit, de respirer tranquillement, de souffler tranquillement. Tout cela fait beaucoup de bien…

Mais pour un Chrétien, il y a un petit problème : on ne peut pas vider totalement ce qu’il y a à l’intérieur de nous, parce qu’alors on évacuerait Dieu ! Ça poserait un léger problème !

Si on vous demande un jour de faire totalement le vide en vous, résistez, s’il vous plaît ! Vous ne pouvez pas faire totalement le vide en vous, pas vous ! Parce que vous avez Dieu à l’intérieur de vous ! Nous sommes donc, vous et moi, sanctuaires, tabernacles vivants. Nous avons Dieu en nous.

Et se mettre en colère pour protéger ce sanctuaire qu’est le corps humain, c’est parfaitement légitime. Nous agissons alors en chevaliers qui défendent la forteresse de Dieu. Ceci avant de vivre tous ensemble dans la forteresse du ciel. L’autre demeure dont nous parlait la première lecture ce matin, le livre d’Ezéchiel. Cette demeure aux quatre fleuves qu’on retrouve d’ailleurs dans le dernier livre de nos Bibles, l’Apocalypse, cette demeure qui est l’Eglise du ciel et que nous habiterons un jour.

Alors d’ici là, Chers Amis, protégeons le Temple de Dieu qu’est le corps de chaque être humain. Protégeons le corps humain, notamment lorsqu’il est sans défense.

Et si pour cela la colère vous traverse, mais grand bien vous fasse ! Souvenez-vous que ce n’est pas un péché, alors ! Ce ne serait que la rage qui le deviendrait.

Mais enfin, je ne suis pas en train de vous signer un chèque en blanc pour vous mettre en colère dès la sortie de la messe, on est bien d’accord !

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Bex, samedi 8 novembre 2025, 18.00

Clarens, dimanche 9 novembre 2025, 9.30 (version enregistrée)