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Homélie pour le 18e dimanche TO, année C
Qohèleth 1,2; 2,21-23 / Psaume 89 / Colossiens 3, 1-5.9-11 / Luc 12, 13-21
> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :
Chers Amis,
Nous avons entendu, en première lecture, le livre du Qohèleth.
C’est un livre biblique qu’on a rarement dans nos assemblées, le Qohèleth qu’on appelle aussi l’Ecclésiaste dans certaines Bibles (ça veut dire la même chose, ça veut dire « celui qui convoque l’assemblée » : « Qohèleth », c’est en hébreu, « Ecclésiaste », c’est en grec simplement.)
Mais ce tout petit livre est constellé d’un refrain qui revient sans cesse et que nous avons entendu dans notre extrait de ce matin. Ce refrain, c’est « vanité des vanités, tout est vanité ! »
Dans notre langue française, ça peut paraître bien péjoratif ! Vanité des vanités, tout est vanité… déjà la vanité, c’est un vilain défaut. Et puis alors, si tout est vain, à quoi bon ?
En réalité, c’est une très mauvaise traduction en français qui nous fait entendre « vanité des vanités, tout est vanité », ça n’est absolument pas péjoratif ! Mais j’y reviens dans quelques instants, gardez ça dans un coin de votre tête.
Pour l’instant, j’aimerais vous raconter une petite histoire. Elle est de l’ordre de la légende, mais chaque légende a quelque chose à nous dire…
C’est un prince très riche qui vient trouver le sage de son village. Ce prince est déjà intéressé davantage par les réalités d’en haut, comme le disait notre deuxième lecture. La sagesse plutôt que par l’argent. Il vient trouver ce sage parce qu’il a une demande à lui faire : il aimerait connaître le secret du bonheur.
Alors le sage lui met un anneau au doigt. Et il lui dit : « Voilà. Le secret du bonheur est gravé à l’intérieur de cet anneau. Mais attention ! Tu n’auras le droit de le regarder qu’en deux occasions : le jour où tu vivras le plus grand de tous les bonheurs, tu pourras regarder. Ou alors le jour où tu seras confronté au plus grand des malheurs. Là aussi tu pourras regarder. »
Et le prince vit sa vie. Il rencontre de très grands bonheurs, mais il se dit toujours qu’il y aura peut-être encore mieux. Alors il n’ose pas regarder ! Et puis, bien sûr, il est confronté à plusieurs malheurs, comme chacun dans une vie. Mais il se dit qu’il y aura forcément pire et puis qu’il y a des gens bien plus malheureux que lui, alors il n’ose pas regarder.
Un jour, le pays d’à côté l’attaque. L’armée vient contre lui. Il est au bord d’une falaise et dans quelques instants il va être précipité dans le vide, mis à mort.
Et là, il se dit que c’est le moment de regarder ce qu’il y a à l’intérieur de la bague. Alors, il l’enlève et il lit le secret du bonheur… qui n’est autre que : « Ça aussi, ça passera. »
Eh oui, Chers Amis ! Quand on est dans le plus grand des bonheurs, se souvenir que ça aussi ça passera, c’est très important pour en profiter, tout simplement ! Et quand on est dans le plus grand des malheurs, même la mort, se souvenir que ça aussi, ça passera. La mort n’est qu’un passage pour qui a la foi, bien sûr.
Ce secret du bonheur vient nous dire quelque chose dans nos vies, je crois. Nous sommes pèlerins sur cette planète, pèlerins d’espérance d’ailleurs, comme nous le rappelle le thème de notre année sainte… j’espère que vous avez vu les images de ces centaines de milliers de jeunes qui sont depuis hier soir à Tor Vergata à Rome, et qui ont rencontré le Pape sous ce slogan : « Pèlerins d’espérance »
Nous sommes pèlerins sur cette terre, mais nous sommes pèlerins d’espérance. Nous n’emportons rien avec nous, nous le savons. Dans la mort, nous n’emportons pas nos richesses matérielles et pourtant nous sommes remplis d’espérance.
Parce que nous espérons que ce que nous avons donné sur cette terre demeure après nous, l’amour par exemple. Tout ce que nous aurons transmis, tout cela demeurera.
Par contre, les richesses matérielles, nous ne les emportons pas avec nous.
Il nous faut rechercher les réalités d’en-haut, comme le disait Paul dans la deuxième lecture, la lettre aux Colossiens.
Il nous faut rechercher les réalités d’en-haut. Pas les réalités matérielles, les réalités spirituelles. C’est cela qui fait le bonheur.
Et Jésus le disait, à sa manière, dans l’Évangile : « Tu veux amasser toute cette fortune en agrandissant ton grenier ? Mais tu es complètement fou, mon pauvre ami. Réfléchis : si tu meurs demain, que va-t-il se passer ? »
Personne, parmi nous, ne connaît le jour ni l’heure de son départ pour la vie éternelle. Il n’y a qu’une seule chose que nous savons, c’est que nous allons tous y passer ! Ça, c’est un point commun que nous avons. Mais pour le reste, quand est ce que nous allons mourir ? Nous n’en savons strictement rien.
Ainsi est-il plus sage de nous attacher aux choses d’en-haut plutôt que d’amasser des fortunes qui ne nous serviront peut être jamais.
Nous avons à profiter pleinement du jour d’aujourd’hui, surtout si par malheur on nous redemandera notre vie demain.
Nous avons à profiter pleinement du jour d’aujourd’hui. C’est le fameux « carpe diem » que vous connaissez bien.
Or profiter du moment présent, c’est précisément ce que dit le Qohèleth quand il dit « vanité des vanités, tout est vanité ».
Et là vous allez me dire : « C’est bizarre parce que ce n’est pas tellement ce que disent les mots en apparence… »
Mais je vous le disais, c’est malheureusement très mal traduit. Ce mot, vanité, ça vient du mot hébreu « Havel » et ça ne veut pas du tout dire « vanité », ça veut dire « buée ».
Il faudrait traduire par « buée de buée, tout est buée. » Ou « vapeur de vapeur, tout est vapeur. »
La buée n’a qu’un temps. Quand vous la voyez apparaître, elle disparaît très vite et c’est cela que veut dire le Qohèleth avec son refrain : tout passe… alors profite ! Profite de ce que tu as maintenant parce que ça aussi, ça va passer.
Profite de ce jour parce que demain il n’existera plus. Profite lorsque tu vois la buée de la vie. Profite de ce moment présent. Profite de celles et ceux qui sont ici autour de toi. Profite de ce que tu as aujourd’hui. N’agrandis pas ton grenier pour demain : si ça se trouve, ça ne servira à rien du tout. Profite !
Demandons à Dieu, Chers Amis, de nous ouvrir les yeux sur ce que nous avons aujourd’hui, sur l’aujourd’hui de nos vies avant que nous n’ayons à repartir de ce monde qu’il nous a confié.
Profitons-en pleinement !
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Clarens, samedi 2 août 2025, 18.00
Leysin-Feydey, dimanche 3 août 2025, 10.15 (version enregistrée)
HAHANG Emmanuel
Merci frère Vincent, pour votre témoignage diffusé ce jour (21-8-25) sur les ondes de Radio ND, en France, relatant votre « chemin de Damas » et votre EMI. Qui fut une grâce pour vous, votre famille, et nous.
Avec des mots simples, justes, mesurés, vous expliquez bien LA rencontre, et votre ‘métanoïa’: que j’ai pu approfondir immédiatement sur le net avec d’autres de vos témoignages écrits.
Et surtout je retiendrais volontiers que Dieu-Trinité inneffable, et Lumière-Amour- entendit, répondit, exauça, votre prière, et votre interpellation ! Quelle belle illustration de la puissante « efficacité » de toute prière-invocation-supplication…sous quelque ciel ou époque !
Et continuez ainsi à diffuser cette ‘bonne nouvelle’ qu’une ‘ligne directe’ existe, et que nous pouvons tout demander à l’Amour (Dieu, Seigneur, Père-Fils Saint Esprit, avec ses proches et amis; et les ’semina Verbi’…), qui fera ce qui nous est ‘profitable’…comme ce fut le cas pour vous, et votre vocation, qui fit fructifier vos talents.
Merci Vincent !