Ayons des têtes de ressuscités !

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Photo libre de droits : pixabay

Homélie pour le JOUR DE PÂQUES

Actes 10,34a.37-43  /  Psaume 117  /  Colossiens 3,1-4 / Jean 20, 1-9

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

Chers Amis,

Vous tous qui êtes ici rassemblés ce matin, si je vous dis « Marie-Madeleine », quel est le premier mot qui vous vient en tête ?

Pour beaucoup de gens dans le monde, quand on dit « Marie-Madeleine », on pense trop souvent encore à  « pécheresse », voire pire… Alors que, finalement, dans la Bible on nous dit simplement qu’elle était disciple de Jésus, qu’elle le suivait. Il n’y avait donc pas que des hommes qui suivaient Jésus comme on l’entend trop souvent aussi encore aujourd’hui. D’ailleurs la Bible nous dit qu’il n’y avait pas qu’elle, il y avait d’autres femmes avec Jésus.

On nous dit que cette Marie-là vient du village de Magdala, d’où son nom de Marie Magdeleine, qui est devenu Madeleine.

Et la Bible nous dit aussi qu’elle avait jadis sept démons qui sont sortis d’elle grâce à Jésus, qu’elle a été guérie par Jésus.

Le fait d’avoir des démons en soi ne fait pas d’elle une pécheresse !

Chacun nous avons nos démons, nos petits démons intérieurs parfois durs à expulser, cela ne fait pas de nous des pécheurs plus importants que les autres. Ça fait de nous des êtres humains.

Si je vous parle de Marie-Madeleine c’est d’abord pour vous rappeler qu’il y a sept ans exactement, en 2016, notre pape François a déclaré que Marie-Madeleine était non seulement une personne importante, disciple de Jésus, mais qu’elle était l’Apôtre des Apôtres, l’Apôtre par excellence, c’est son titre.

Apôtre des Apôtres. L’Eglise reconnaît enfin les mérites de cette femme.

Et si je vous parle d’elle, la Madeleine, comme on la surnomme aussi parfois, c’est parce que – vous l’avez entendu – c’est la première personne à avoir été citée dans l’Evangile de ce matin.

Ça pourrait nous surprendre ! Pour l’Evangile de la Résurrection, on aurait pu attendre que la première personne dont nous parlions soit… Jésus, par exemple, ou la Vierge Marie, ou Simon-Pierre, sur qui va être bâtie l’Eglise du Christ. Non…

La première personne dont parle le texte de la Résurrection, c’est Marie-Madeleine.

Et dans la Bible, quand quelqu’un est cité en premier, ça n’est jamais innocent.

Et c’est étonnant qu’il ait fallu tant de siècles pour qu’un pape proclame l’importance de Marie-Madeleine alors que Jean l’avait écrit noir sur blanc dans son Evangile ! La première à qui il est donné de voir le tombeau ouvert, c’est elle. La première, dans un autre passage du même évangile, à qui il est donné de rencontrer le Ressuscité au jardin, et de lui dire « Rabbouni », « mon maître », c’est elle.

Ce n’est pas Pierre, sur lequel Jésus bâtit son Eglise.

Ce n’est pas Jean qui signe pourtant l’Evangile… il aurait pu se mettre en avant puisqu’il est l’auteur de ce texte… Non.

Et aucun des autres hommes dont les pages précédentes nous ont pourtant abondamment parlé. Les Douze, ou les Onze si on élimine Judas.

Ce n’est pas un homme qu’on met en avant, le matin de Pâques. C’est une femme, Marie de Magdala.

Comme si on voulait nous faire comprendre, Mesdames, votre importance essentielle dans l’approche du mystère de la vie, ce mystère que nous fêtons à Pâques, ce mystère que vous portez en vous.

La Résurrection c’est évidemment la fête de la vie. Ce n’est d’ailleurs pas innocent qu’elle tombe toujours au début du printemps. Même si la date est mobile, vous pouvez faire comme vous voulez, c’est toujours le printemps quand on célèbre Pâques. Ce n’est pas un hasard. C’est la fête de la vie qui revient.

Et c’est bien pour ça qu’on offre des œufs, à Pâques : c’est parce que l’œuf, de tout temps, est un symbole de vie. Parce qu’il la contient, précisément.

Le lapin même chose : ça ne vous a jamais surpris qu’on associe les lapins aux œufs ? Vous avez déjà vu un lapin pondre un œuf, vous ? Moi jamais, hein ! Mais le lapin, de tout temps, est aussi un symbole de vie, parce que c’est un animal qui se reproduit énormément, c’est pour ça !

Et puis alors ça tombe bien parce que cette année, vous avez remarqué, Pâques tombe un NEUF… – oui ça, il n’y a que cette année qu’on pouvait le faire !

Mais pour nous, Chrétiens, Pâques c’est bien sûr infiniment plus ! Pour nous, Chrétiens, Pâques c’est la vie du ressuscité, c’est la vie de celui qui a vaincu la mort. Marie-Madeleine en est le signe, le témoin privilégié, il est heureux que l’on commence enfin à s’en souvenir.

Que se passe-t-il ensuite dans notre texte de ce matin ? Vous l’avez entendu, les deux disciples arrivent, ils courent, ils ont été alertés par Marie de Magdala…. Oui, Mesdames, les hommes ont toujours un temps de retard pour comprendre, vous le savez bien…

Ils courent, ils arrivent au tombeau. Il y en a deux, de ses disciples. Un qu’on nomme Pierre et puis il y a l’autre. Et l’autre, c’est ?…

Eh bien non, ce n’est pas Jean. C’est « le disciple que Jésus aimait ». Dans l’Evangile de Jean, il porte ce nom, du début à la fin, « le disciple que Jésus aimait ». Et il y a beaucoup de personnes qui se sont dit : « Bon, bah puisque c’est Jean qui écrit l’Evangile, par humilité il n’a pas mis son prénom, il a mis ‘le disciple que Jésus aimait’ ».

Pas du tout. On a compris depuis que « le disciple que Jésus aimait » c’est une expression pour dire chacune, chacun de nous. Chaque personne qui veut suivre le Christ, Jésus l’aime.

Et si vous relisez l’Evangile de Jean avec cela en tête, alors c’est vertigineux ! Parce que ça change tout !

Le « disciple que Jésus aimait » se trouve à la croix, je vous le rappelle. On a entendu ce texte vendredi après-midi. « Voici ton fils ! » dit Jésus à Marie en parlant de ce disciple bien-aimé. Et il dit au disciple bien-aimé : « Voici ta mère ! » en parlant de Marie. Ce faisant, il nous donne une Maman du Ciel et il nous confie à sa mère comme ses enfants. Ça change tout !

Dans notre épisode de ce matin, si on se met à la place du disciple bien-aimé, que se passe-t-il ?

Eh bien, alertés par un témoin de la Résurrection, une femme, nous courons au tombeau. C’est ce que nous avons fait ce matin. Pas forcément en courant, mais enfin nous sommes venus ici célébrer, voir, entendre cette bonne nouvelle !

Mais bon… quand on est arrivé dans cette église, on n’a pas forcément tout de suite occupé les premiers bancs, n’est-ce pas ? Les églises, c’est comme les bouteilles, ça se remplit d’abord par le fond, hein, c’est bien connu. O n’ose pas toujours aller devant !

Et c’est exactement ce qui est dit dans le texte de ce matin : le disciple bien-aimé arrive… mais il n’ose pas rentrer. Il attend que quelqu’un passe devant… « Allez-y, faites seulement, non moi je vais rester derrière, ça me va bien… »

Et c’est Pierre qui passe devant. Il en faut toujours un, il faut un premier de cordée. Pierre. Qui s’appelle aujourd’hui François, notre pape. Il en faut un qui passe devant, et Dieu sait si ce n’est pas facile d’être premier de cordée.

Vous voyez comme ce texte profond et spirituel qu’est l’Evangile de Jean prend tout son sens quand on le voit à cette lumière-là ? Ce n’est pas un texte vieux d’il y a deux mille ans, c’est un texte qui traverse les âges, toujours jeune, qui s’adresse à chacune, à chacun, à tous ceux qui le lisent. C’est un texte pour nous aujourd’hui, ce matin.

Et que dire des autres textes que nous avons entendus ? La première lecture, le livre des Actes, nous confirme l’événement que nous célébrons ce matin : « Celui qu’ils ont supprimé en le suspendant au bois du supplice, Dieu l’a ressuscité au troisième jour », le livre des Actes nous le rappelait.

Seulement ce texte s’adressait DIRECTEMENT à nous. Parce que, juste après, il disait : « Dieu nous a chargés d’annoncer au peuple et de témoigner. » C’est à vous que cela s’adresse, ça. Dieu vous charge d’annoncer au peuple et de témoigner.

Parmi toutes les personnes auxquelles vous allez faire des messages WhatsApp – et Dieu sait si ça a déjà commencé, le premier je l’ai reçu à 7.02 ce matin, avec un lapin qui clignotait comme ça… – parmi toutes les personnes auxquelles vous allez souhaiter Joyeuses Pâques aujourd’hui, en leur faisant un petit message sur vos téléphones, en envoyant un lapin qui clignote ou un œuf coloré, à combien écrirez-vous : « Christ est ressuscité ! Christ est vraiment ressuscité ! Il a vaincu la mort pour que nous ayons la vie. » ?

C’est pas le tout d’écrire « Joyeuses Pâques »… ça, n’importe qui va le faire ! Mais nous qui sommes Chrétiens, nous avons une autre bonne nouvelle à annoncer aujourd’hui, à côté du lapin qui clignote : « Christ est ressuscité, et il l’a fait pour que nous ayons la vie éternelle ! »… c’est quand même pas mal, comme bonne nouvelle !

Être pleinement Chrétien, marcher à la suite du Christ, c’est devenir messagers de cette Bonne Nouvelle.

Le psaume le disait aussi : « Que le dise Israël, éternel est son amour ! » – Israël dans la Bible, c’est pas le pays, hein, c’est le peuple de Dieu. Vous. « Que le dise le peuple de Dieu, éternel est son amour ! »

Pour ça, évidemment, il faut que nous ayons des têtes de ressuscités ! Si vous sortez tout à l’heure en tirant la tronche et que vous dites : « Vous savez… Jésus est ressuscité… » ça va donner envie de vous croire !

Si nous avons des visages de ressuscités en le disant, alors peut-être que les gens qui ne sont pas là ce matin se diront : « ça a l’air de le remplir de joie, ce truc-là… c’est peut-être pas si faux que ça, c’est peut-être pas si mal que ça, finalement… »

Et exactement c’est ce que nous disait Paul dans la deuxième lecture : « Si vous êtes ressuscités avec le Christ, alors recherchez les réalités d’en-haut ! » Si nous avons des visages de ressuscités, nous aidons les gens à voir la beauté du ciel plutôt qu’à regarder le bout de leurs chaussures.

Et ça fait du bien, de rencontrer des gens qui ont des têtes de ressuscités… c’est votre cas ce matin, je le vois !

Alors Chers Amis, n’oublions pas que chacune, chacun, a sa place dans notre église. Que ce soit au premier banc, ou au tout dernier rang, ou à la chorale, ou au service de l’autel et de l’assemblée. Chacune, chacun de vous fait partie de l’Eglise, dignement, pleinement.

L’Eglise avec un grand « E », c’est pas le pape, les évêques, les prêtres… C’est deux milliards et demi de personnes, l’Eglise, c’est vous tous et tous les autres… et ça fait du monde ! Et cette Eglise est en fête aujourd’hui !

Alors soyons nous aussi en fête quand nous ressortirons tout à l’heure. Rappelons aux gens que notre Seigneur est vivant, qu’il est ressuscité pour que nous ayons la vie éternelle.

Joyeuses Pâques à Chacune et Chacun, Christ est vraiment ressuscité !

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Bex, dimanche 9 avril 2023, 10.00

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