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Homélie pour le 3e dimanche TO, année C
Néhémie 8,1-10 / Psaume 18 / 1Corinthiens 12, 12-30 / Luc 1,1-4 ; 4,14-21
> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :
Chers Amis,
L’autre jour encore – pas dans cette paroisse, je vous rassure – j’ai entendu quelqu’un me dire : « Ah, moi, j’ai été baptisé protestante et mon mari a été baptisé catholique. »
Eh bien, c’est impossible. Et si vous en êtes encore à dire « j’ai été baptisé catholique », vous vous trompez lourdement.
On n’est pas baptisé protestant où catholique, on est baptisé CHRETIEN. C’est ensuite notre confirmation qui va donner une couleur à notre baptême, une confession. La confession catholique romaine – qui est la nôtre – la confession réformée, la confession luthérienne, la confession évangélique, la confession anglicane, l’une des confessions orthodoxes, etc, etc…
Je ne vais pas vous faire la liste, à la sortie de notre grande semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Je vous rappelle seulement que nous sommes 2 milliards et demi de chrétiens sur la terre. C’est la plus grande famille spirituelle de toute la planète.
Elle continue d’augmenter d’ailleurs largement.
Mais le baptême fait de nous une chrétienne ou un chrétien, c’est à dire un membre de la religion du Christ.
On est beaucoup de chrétiens. Et avant d’être catholiques romains, nous sommes chrétiens, Chers Amis : c’est bien le Christ que nous essayons de suivre bien avant de suivre Rome. C’est logique. Et nos frères et sœurs de la Réforme, c’est le Christ qu’ils suivent bien avant de suivre Luther ou Calvin, c’est logique.
Bien sûr, les uns sont meilleurs pour parler de la Bible, les autres sont meilleurs pour affirmer un dogme et le respecter à travers les âges. Les autres encore sont meilleurs dans la célébration avec de l’encens et des icônes. Certains ont sept sacrements, c’est notre cas, d’autres en ont deux.
Peu importe. Nous sommes tous de la même religion, la religion du Christ. Nous sommes tous dans un même corps, le corps mystique du Christ.
La Bible dont nous célébrons la fête aujourd’hui, passe son temps à nous le dire : il n’y a qu’un seul corps et nous en sommes les membres.
Il y a quelques minutes, nous avons entendu ce qui est peut-être l’un des plus prodigieux textes de la Bible, cet extrait de la première lettre de Paul aux Corinthiens, où il nous rappelle que nous sommes les membres d’un Grand Corps.
Sommes-nous tous faits pour la même chose ? Évidemment non ! Je ne sais pas si vous avez déjà demandé à votre main gauche de digérer votre repas, elle va avoir de la peine ! Elle n’est pas faite pour ça ! Je ne sais pas si vous avez demandé à votre pied de raisonner comme votre cerveau… bon, alors on sait qu’il y a des gens qui raisonnent comme des pieds, mais enfin, si on en a fait une expression, c’est qu’effectivement c’est pas l’idéal, a priori !
Ce serait d’ailleurs catastrophique si tous nos membres faisaient la même chose, nous serions des monstres ! Et ce serait catastrophique, Chers Amis, si toutes nos confessions vivaient leur foi exactement de la même manière avec la même mission, l’Église serait un monstre.
Certains vont vous dire : « Eh bien justement, magnifique, vous avez entièrement raison : chaque église a son rôle, sa manière de faire, donc restons chacun de notre côté et tout ira très bien ! »
Oui, sauf que si le pied gauche part à gauche et le pied droit part à droite… ça va pas aller très bien ! Le but d’un corps, c’est que chacun y ait son rôle, certes, mais c’est que chaque rôle soit au service du corps entier !
Le corps humain forme un tout, le pied ne marche pas dans la direction qu’il veut, mais dans celle que le cerveau lui demande. Et dans celle qui convient à tout le corps à ce moment-là.
Le bras se lève avec une fourchette en main pour que la bouche qui s’ouvre mange et que l’estomac se remplisse et que le corps vive. Tout cela est coordonné.
Et Paul nous le disait : « Quand un membre souffre, c’est tout le corps qui souffre. »
Vous le savez bien d’ailleurs : si vous vous êtes déjà cogné un petit doigt de pied sur un meuble en vous levant la nuit – je vois à certains sourires que c’est une expérience qui nous est commune – eh bien pendant quelques secondes, vous n’êtes plus qu’un petit doigt de pied ! Ah oui, on peut vous parler de la guerre en Ukraine, des primes d’assurance maladie… vous n’en avez plus rien à faire ! Pendant quelques secondes, vous êtes juste un petit doigt de pied qui souffre.
Et ça va plus loin que cela : Si au lieu de le cogner dans un meuble vous avez un ongle incarné à ce petit doigt de pied, eh bien c’est tout le corps qui a la fièvre. Et vous pouvez prendre la température dans l’oreille – alors qu’elle va parfaitement bien, l’oreille à ce moment-là – eh bien elle aura la fièvre.
Parce que quand un membre souffre, c’est tout le corps qui souffre.
Quand un orthodoxe russe et un catholique ukrainien se lancent des missiles, vous souffrez ! Tout le corps à la fièvre.
Et le chrétien évangélique du Brésil souffre pour eux aussi, tout comme l’anglican d’Écosse. Tout le corps a la fièvre quand un membre souffre.
Et il existe une boîte à pharmacie qui panse les plaies de ce corps lorsqu’il souffre, nous l’avons tous en commun – deux milliards et demi de personnes – c’est… la Bible. Le livre le plus traduit, plus de 2000 langues et dialectes actuellement, le livre le plus vendu au monde, le plus lu au monde aujourd’hui encore. Un livre que nous avons en commun, tous les chrétiens.
On peut passer des journées entières à lire la Bible, vous savez, c’est magnifique ! C’est d’ailleurs ce que nous disait la première lecture : le prophète Esdras, vous l’avez entendu, a passé du matin jusqu’à midi à lire la parole de Dieu.
Alors on ne va pas le faire ce matin, rassurez-vous ! Mais on pourrait y passer des heures et des heures à lire la Bible. On n’y trouvera sans doute rien de plus important que ce commandement du Christ : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »
C’est un commandement simple, clair, limpide, comme le disait le psaume : il clarifie le regard. Tout est plus simple avec l’amour, tout est plus clair quand on essaie de s’aimer les uns les autres.
Alors évidemment, pour ça, il faut faire un petit effort. C’est pas toujours facile ! Pour moi non plus. Mais pour ça, nous avons l’Esprit.
L’Esprit du Seigneur qui est sur nous grâce à l’onction, cette phrase, vous l’avez entendue dans l’Évangile. C’est ce que Jésus dit lorsqu’il est dans la synagogue : « l’Esprit du Seigneur est sur moi, il m’a consacré par l’onction. »
Alors vous allez dire : « oui mais ça, c’est Jésus ! » Non, c’est vous aussi ! Parce qu’au baptême, lorsque vous êtes devenu chrétien, vous avez reçu l’onction. Une onction d’huile sur votre front. Et elle a été renouvelée à la confirmation de votre baptême. Vous pouvez donc vous aussi dire : « l’Esprit du Seigneur est sur moi. Il m’a consacré par l’Onction. » Et ça vous donne la responsabilité, alors, de proclamer cette parole, d’activer l’Esprit qui est en vous.
Parce que c’est comme un courant électrique, l’Esprit ! Dans votre maison, il y a du courant. Mais tant que vous n’appuyez, pas sur l’interrupteur, la lumière ne s’allume pas ! Eh bien l’Esprit, c’est pareil : il est en vous. Encore faut-il l’activer !
C’est pour ça que vous êtes venu ce matin ! L’Esprit, ça s’active par la prière, par la lecture de la Bible, par les sacrements. Ça s’active lorsque nous faisons communauté tous ensemble. « Lorsque deux ou trois sont réunis, je serai là ! » dit Jésus.
Activons donc cet Esprit dont nous bénéficions chacune, chacun ! Activons ensemble l’Esprit d’unité, celui qui fait de nous – bien avant d’être des catholiques romains – des chrétiennes et des chrétiens.
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Champex, samedi 25 janvier 2025, 17 h. 00
Montreux, dimanche 26 janvier 2025, 11.00 (version enregistrée)

JAHAN Nicole
Merci pour cette homélie qui nous rappelle que nous sommes en Christ dés notre baptême avant de nous orienter vers telle ou telle foi, catholique ou autre. nos différences devraient nous enrichir plutôt que nous diviser …..
A bientôt j espère pour d’ autres éclairages sur notre foi.