Dieu visite notre monde

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Chers Amis,

Dans la paroisse, quelqu’un me disait l’autre jour : « Noël est tôt cette année, non ? » C’est effectivement une phrase qu’on peut dire pour Pâques, suivant les années bien sûr, mais pour Noël… non ! Je fus au regret de confirmer à mon interlocuteur que, cette année encore, Noël tombe un 25, eh oui.

Même si l’année a semblé passée comme l’éclair, même si le mois de décembre a semblé passer encore plus vite que l’éclair. Bien qu’il ait été rythmé par tous les messages de Noël de nos paroissiens sur notre chaîne Youtube, ce matin encore…

Peut-être avez-vous fêté hier soir, peut-être avez-vous veillé tard, célébré en regardant telle ou telle messe à la télévision, peut-être étiez-vous en direct de Notre-Dame de Paris, par exemple. Peut-être avez-vous les yeux encore un peu ensommeillés… et vous auriez de quoi !

Vous regardez alors cette crèche avec le regard un peu flou, un peu trouble des lendemains de fête… [d’un ton endormi :] « C’est joli… »

Peut-être, au contraire, êtes-vous bien éveillés. Le repas de Noël attend, d’ailleurs, dans le four et vous êtes en train de vous demander si je ne vais pas être trop long, parce qu’il ne faudrait quand même pas que ça brûle, hein ! Vous, vous regardez cette crèche tout différemment, avec empressement, sans y faire trop attention : « C’est joli. Bon, la suite ! »

Quand j’étais enfant et que je servais la messe comme vous deux, je regardais le prêtre s’agenouiller devant la crèche au moment de Noël. Ce prêtre était beaucoup plus grand que moi, et comme moi j’étais petit, je le regardais d’en bas, comme ça… il m’impressionnait beaucoup.

Je me disais que si lui, tellement grand à mes yeux, se faisait tout petit devant un être encore plus petit que lui, un tout petit bébé, c’est qu’il y avait là un grand mystère, quelque chose de forcément immense que je ne comprenais pas bien.

Tout à l’heure, Chers Amis, avant de sortir même si le vin chaud vous fait déjà saliver, je le sais bien… prenez quelques instants pour vous arrêter devant cette crèche.

Plutôt que de passer de vent et de dire « c’est joli, bon, allez à l’apéro maintenant ! », arrêtez-vous intensément devant ce que vous avez sous les yeux. C’est l’un des plus merveilleux mystères, l’une des choses les plus immenses de toute l’histoire des religions. Nous, les Chrétiens, nous sommes les seuls au monde à avoir cette vision-là de Dieu.

Un Dieu qui n’est pas un vieux barbu tout là-haut qui nous attendrait au contour pour nous mettre un coup de bâton à chaque fois qu’on fait quelque chose de faux, non !

Un Dieu qui n’est pas un Dieu vengeur, auquel on croit encore trop souvent, qui de temps en temps piquerait une sainte colère, comme on disait, n’est-ce pas, avec des éclairs et de la foudre dans tous les sens, non !

Un Dieu qui ne soumet personne à qui que ce soit ou à quoi que ce soit.

Un Dieu qui n’a pas besoin qu’on lui sacrifie quoi que ce soit.

Regardez-le, notre Dieu : c’est un bébé. Il est là, fragile, humble.

Il nous rejoint jusque-là. Il s’est fait l’un de nous dans notre fragilité des tout premiers moments de notre vie. Comme les bébés que nous connaissons, tendres, avec cette immense confiance qu’ont les tout petits lorsqu’ils s’endorment contre leur maman : voilà notre Dieu. Il a cette même confiance en nous, Chers Amis.

Il s’endort contre le monde, ce petit enfant qu’est notre Dieu, et il fait une totale confiance au monde.

Je viens de vous proclamer le fameux prologue de Saint-Jean qu’on lit traditionnellement le 25 au matin et qui était lu jadis – pour celles et ceux qui sont jeunes depuis plus longtemps que les autres – qui était lu jadis à la fin de chaque messe en latin. Ces pages comptent parmi les plus riches, les plus belles de la Bible.

Jean commence par nous rappeler qui est Dieu : tout-puissant, créateur… pour qu’on n’oublie pas, quand même, ce qu’est Dieu.

Prenons soin de sa création. De la magnifique nature qui nous entoure. Encore plus belle quand elle se pare de neige comme ces jours !

Regardez un flocon de neige, Chers Amis. Prenez une loupe et regardez-le… Au contraire, prenez des jumelles et regardez un sommet de granit… Prenez un télescope et regardez les étoiles… Posez-vous sur la plage et regardez l’immensité de l’océan… Regardez la beauté de la création, vous y verrez la signature de Dieu en-bas à droite.

Saint Jean nous dit, ensuite, que Dieu envoie des hommes comme Jean le Baptiste pour témoigner de lui, pour l’annoncer, pour baptiser, pour célébrer…

Ces hommes que Dieu envoie aujourd’hui, nous les appelons des prêtres… mais ce ne sont que des hommes. Et il continue d’en envoyer pour célébrer, pour baptiser, pour annoncer, pour enseigner…

Un prêtre n’est pas une star. C’est au contraire le doigt qui montre l’étoile… et qui aujourd’hui vous montre la crèche. L’erreur serait de regarder le doigt. C’est ce qu’il montre qui est important.

Exactement comme le disait le texte : Jean le Baptiste n’était pas la lumière. Il est venu pour rendre témoignage à la lumière, pour nous la montrer. Nous sommes, nous les prêtres, les « Jean-Baptiste » d’aujourd’hui. Et comme Jean Baptiste, on n’est pas toujours apprécié, ça fait partie du jeu.

Vous, vous êtes les prophètes dont parlait notre deuxième lecture, la lettre aux Hébreux. Et Dieu parle par les prophètes : vous savez que c’est l’étymologie-même de ce mot ! Le prophète, c’est celui qui parle au nom de Dieu.

Alors vous allez me dire : « Ben moi je suis QUI pour parler au nom de Dieu ? » Mais si, par votre baptême, vous êtes tous prophètes, vous avez à parler au nom de Dieu et vous pouvez le faire.

C’est vous les prophètes d’aujourd’hui.

Quelqu’un me disait, il y a quelques jours : « Oh, vous savez, j’ai essayé de parler de Dieu à mes petits-enfants. Mais cette année, à Noël, je ne m’y risquerai pas. Ce n’est pas facile en famille de parler de Dieu. » C’est normal : les prophètes dérangent ! Regardez dans la Bible : ils ont toujours dérangé. Ce n’est pas pour ça qu’ils ne parlent pas. Ils parlent. Ils prennent le risque de déranger.

Posons-nous d’ailleurs la question, Chers Amis : « qu’est-ce qui dérange dans nos existences ? Qu’est-ce qui vient bousculer nos petites habitudes ? Qui est-ce qui a un discours qui nous dérange autour de nous ? » Peut-être s’agit-il d’un prophète… Parce que le jour où la parole de Dieu ne nous dérange plus, alors c’est que nous aurons vraiment tout perdu… ou que nous serons parvenus dans le Royaume, évidemment !

Enfin, l’Évangéliste Jean nous dit ce qu’a fait le Verbe : « Il est venu chez les siens. Le verbe s’est fait chair. » C’est de nous dont il parle, Chers Amis ! C’est de nous aujourd’hui dont il parle : Bex, canton de Vaud, diocèse de Sion, 25 décembre 2024. C’est de là que parle ce texte. 

Parce que la Bible, vous savez, n’a aucun sens si nous la lisons comme un ramassis de vieux textes poussiéreux, mieux vaut ne pas l’ouvrir à ce moment-là ! Mais la Bible, c’est un livre sacré. Il nous parle toujours de l’aujourd’hui de notre vie, de ce que nous sommes en train de vivre ce matin. Il est venu chez les siens, il est là !

Reste alors à faire mentir la suite du texte, puisque Jean l’écrivait pour son époque : « les siens ne l’ont pas reconnu. » Reste à faire mentir cette phrase et à le reconnaître, nous sommes là pour cela. Vous êtes venu là pour cela : reconnaître dans ce petit bébé de la crèche Dieu lui-même.

Et c’est la première lecture, enfin, qui venait nous le rappeler avec cette page du prophète Isaïe : « Il est roi, ton Dieu ! » disait le prophète. Ce petit bébé qui est dans la crèche, il est beaucoup plus grand que ce qui semble à nos yeux. Il est roi de toutes les nations.

Alors chers amis, Dieu nous attend aujourd’hui dans notre vie…

Au détour d’un rire, d’un sourire, au détour d’un visage que nous allons croiser, de tous les visages que nous allons croiser d’ailleurs. Pas seulement dans la crèche.

Dieu est derrière chacune de nos rencontres en ce jour et il nous faut regarder l’autre avec le regard du Christ, voir Dieu, voir Jésus, voir le nouveau-né de la crèche dans ce visage que nous allons croiser tout à l’heure. Particulièrement celui qui ne nous revient pas, particulièrement celui dont on aimerait bien qu’il ne soit pas invité à la fête familiale cette année : c’est lui, l’enfant de la crèche. C’est lui qu’il nous faut regarder avec le regard du Christ.

Et puis il nous faut regarder cette crèche sans jamais s’y habituer, en se souvenant que Dieu est là, fragile, vulnérable, qu’il s’est fait l’un de nous jusque dans nos fragilités.

Alors encore une fois, Chers Amis, Joyeux Noël à Chacune et Chacun ! Et surtout : n’oubliez pas de vous arrêter devant cette crèche avant de sortir de cette église…

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Bex, 25 décembre 2024, 10.00

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