Au cœur des tempêtes de nos vies

Classé dans : Homélies, Méditer | 2
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Chers Amis,

J’ai le plus grand respect, comme Chacune et Chacun de vous, j’en suis certain, j’ai le plus grand respect pour les animaux… mais j’avoue qu’il m’arrive, quand vient l’été, d’éclaffer un moustique un soir ou l’autre, particulièrement à deux heures du matin lorsqu’il m’a trop énervé. J’ai moins de patience pour le faire sortir à cette heure-là. !

Peut-être que ça vous arrive aussi.

J’ai conscience d’éliminer une créature du Seigneur, ce faisant. Je n’en suis pas fier.

Alors je cite la Bible, quand ça m’arrive. Le livre de Job. Notre première lecture. Avec une phrase que vous avez entendue tout à l’heure dans cette première lecture : « Tu es venu jusqu’ici, tu n’iras pas plus loin ! »

Ça me console, lorsque je tue un moustique, de lui dire : « Tu es venu jusqu’ici, tu n’iras pas plus loin ! »

Au moins, c’est une parole de la Bible !

Pourquoi je vous dis ça ?

D’abord parce que c’était notre première lecture, ce livre de Job, mais ça n’avait rien à voir avec les moustiques, cette phrase ! C’était la phrase que Dieu dit à la mer : « Tu es venue jusqu’ici, tu n’iras pas plus loin ! » Il a fixé les limites de la mer, c’est le Dieu de la Création, bien sûr.

Alors des soirs de tempête comme hier soir, ou certains matins de crue, comme ce matin, on aurait bien envie de dire à Dieu : « Dis donc, tu as fixé des limites, mais ce serait bien que le fleuve s’y tienne, hein ! Ce serait bien que le Léman ne dépasse pas ses limites ! Ce serait bien que le Rhône ne sorte pas de son lit ! »

On est toujours, nous, pauvres petites créatures, à vouloir dire à Dieu ce qu’il doit faire… Alors qu’il sait ce qu’il fait, bien sûr.

Lorsque les éléments se déchaînent, nous sommes un peu comme les disciples de l’Évangile, nous sommes dans la barque, ballottés par le vent et on dit : « Enfin, Maître, ça ne te fait rien ? Nous sommes perdus ! »

Et si le vent n’était pas aussi fort, nous entendrions peut être, comme les disciples ce soir-là, la voix de Jésus nous dire : « Pourquoi donc avez-vous si peur ? N’avez-vous pas encore la foi ? »

Bien sûr, cette tempête dont parlait l’Évangile, celle qu’on a essuyée ici, en Suisse Romande ces dernières heures, l’eau dont parlait la première lecture, cette même tempête dont parlait le psaume quand je vous ai chanté « il parle et provoque la tempête, un vent qui soulève les vagues », cette tempête nous semble d’emblée quelque chose de bien tangible.

On imagine – et on n’a pas beaucoup à remonter dans notre mémoire, en plus, aujourd’hui – on imagine les vagues, le vent, la pluie, les éléments se déchaîner.

Et pourtant… Peut-être s’agit-il aussi de prendre cette histoire de tempête apaisée au figuré…

Des tempêtes, dans notre vie, il y en a quantité. Lorsque nous traversons la maladie, lorsque nous traversons le deuil, lorsque nous traversons la souffrance, lorsque nous sommes dans la solitude, dans l’épreuve, nous sommes dans la tempête.

Et dans la tempête, on est pris par la même tentation, celle de regarder vers le ciel et de dire : « Seigneur, regarde ce qui m’arrive, cela ne te fait rien ? »

Comme aumônier d’hôpital, je rencontre tous les jours des gens qui sont dans la tempête.

Et parfois dans des tempêtes redoutables, parce que… quand on est dans une petite tempête sur le lac comme les disciples et qu’il suffit que la barque atteigne l’autre côté pour être sauvé, ça va. Mais lorsqu’on est dans la tempête de la maladie et qu’on ne sait pas si l’on va guérir ou mourir, c’est autre chose.

On ne sait pas si la barque va atteindre l’autre côté… ou si « passer sur l’autre rive » va prendre une signification toute différente.

Eh bien, quelqu’un me disait hier, sur son lit d’hôpital, ici à côté à Rennaz, quelqu’un me disait : « Voyez-vous, quand on est dans la tempête comme moi, avoir la foi, ça change tout ! Je ne sais pas pour autant si ma barque va atteindre l’autre côté… Mais ce que je sais, c’est que Jésus est avec moi dans la barque, et ça, ça change tout. »

Eh oui, évidemment.

C’est bien ce que Jésus essaie de dire aux disciples dans notre Evangile : « Je suis là avec vous, n’ayez pas peur, n’ayez pas aussi peur que si vous étiez tout seuls, ayez la foi ! »

Et si par hasard cette tempête est plus grave que prévue et qu’elle nous amène au rivage de la mort, eh bien c’est là que notre deuxième lecture de ce soir prend tout son sens, la lettre de Paul aux Corinthiens, la seconde.

« Le Christ, dit Paul, est mort pour tous ». Il est dans la barque qui traverse le ravin de la mort, autrement dit. Et cette barque, nous l’emprunterons tous un jour ou l’autre. C’est le seul point commun que nous avons, avec la naissance : nous sommes tous nés un jour et nous mourrons tous un jour, qui que nous soyons.

Non seulement nous avons la certitude, par la foi, que Jésus est dans les barques des différentes tempêtes de nos vies, mais nous avons la certitude absolue que le moment venu, le moment de traverser la tempête de la mort, il sera là, dans cette barque, également, pour nous accompagner de l’autre côté.

« Si donc quelqu’un est dans le Christ, disait Paul, il est une créature nouvelle. » Nous n’avons rien d’un moustique. Nous sommes les créatures de Dieu tout à fait nouvelles. « Le monde ancien, alors, s’en va, disait Paul, et un monde nouveau est déjà né. »

Quelles que soient les tempêtes de nos vies, Chers Amis, n’oublions jamais que Jésus est dans la barque, y compris dans la barque de la tempête finale qui nous amènera auprès de lui.

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Montreux, samedi 22 juin 2024, 18.00

Villeneuve, dimanche 23 juin 2024, 9.30

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2 Responses

  1. Mazé

    Merci Monsieur l’abbé ( une fois de plus… ) pour cette homélie simple et éclairante.
    J’ai mis beaucoup de temps à comprendre et à accepter que l’Évangile n’était pas que simple allégorie, m’opposant ainsi à des auteurs comme Michel Onfray ou Paul Diel, quant à leurs commentaires et critiques parfois acerbes de certains passages des 4 évangiles.
    À bien y regarder, il y a énormément de détails qui ont trait au quotidien, à la nature humaine et qui ne peuvent tromper sur la réalité christique. Qu’il y ait des passages allégoriques et des paraboles ne peut que nous aider dans notre cheminement, certes parfois douloureux, mais également en toute confiance.
    Bon été
    Philippe

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