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Homélie pour le 26e dimanche TO, année A
Ezékiel 18,25-28 / Psaume 24 / Philippiens 2,1-11 / Matthieu 21,28-32
> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :
Chers Amis,
Imaginons quelques instants que vous demandiez à quelqu’un de vous faire un travail pour vous, de vous aider dans quelque chose que vous ne pouvez pas faire tout seul. Vendanger par exemple. C’est de saison, même si on est un peu haut, ici, pour ça…
Prudent, cet ami à qui vous avez demandé de l’aide pour les jours à venir, prudent il vous dit non : « ça va pas être possible, j’ai trop de choses… j’y arriverai pas… excuse-moi ! », vous dit-il.
Le jour des vendanges arrive, vous voyez arriver toutes les autres personnes auxquelles vous avez demandé de venir, et, bonne surprise, vous voyez aussi arriver cet ami, qui avait commencé par vous dire « non ». Il vient vous aider. Voilà une raison de se réjouir.
Imaginez maintenant l’inverse. La personne vous promet qu’elle va venir : « Oui, tu peux compter sur moi, je serai là ! »
Et le jour venu, vous voyez arriver toutes les autres mais… mais pas lui. Il n’est pas venu. Quelques jours plus tard, vous le croisez et il vous dit : « Oh, finalement, j’ai préféré aller à la chasse ! J’ai ramené un beau chamois ! On pourra le partager ! »
Et vous de lui dire : « Ben… c’est sympa mais c’est le raisin de ma vigne que j’aurais préféré partager avec toi. Tu m’as manqué ce jour-là. »
On aurait presque préféré qu’il dise « non » dès le départ, finalement.
Et c’est un peu de ces personnes-là dont parlait Jésus dans l’Evangile de ce soir. Ceux qui disent « oui, oui » par devant et qui, finalement, ne font pas, ensuite, ce qu’on leur avait demandé. Ou qui font tout autre chose.
Jésus est assez vache avec eux, vous l’avez entendu : « Les prostituées vous précèdent dans le Royaume des Cieux » leur dit-il.
Pas facile à entendre !
Evidemment, ce n’est pas parce qu’elles sont prostituées, vous le sentez bien. Ce n’est pas en tant que telles qu’elles précèdent dans le Royaume des Cieux. C’est parce qu’à l’époque de Jésus, elles ont commencé par pécher bien sûr, par dire « non » à Dieu, mais elles se sont repenties, elles ont fini par lui dire « oui », elles se sont converties, elles ont reconnu en Jésus leur Messie, leur Sauveur, elles ont changé leur regard, elles ont transformé leur « non » en « oui ».
Ce que nous dit Jésus c’est qu’il est toujours possible de faire cela. Il est toujours possible de lui redire « oui » alors qu’on lui avait dit « non ». Et même si on lui avait dit « non » quinze fois, il est toujours possible de revenir et de lui dire « oui ». Même après avoir fait tout le contraire de ce que l’on avait promis. Même après avoir préféré la chasse aux vendanges…
C’est exactement aussi ce que disait la première lecture, le prophète Ezéchiel : « si le méchant se détourne de sa méchanceté pour pratiquer le droit et la justice, alors il vivra, il sauvera sa vie. » On aurait envie de le crier à tous les méchants du monde : « Si vous revenez de vos mauvaises actions, vous sauverez votre vie, il n’est pas trop tard, s’il vous plaît, faites-le ! »
Ce n’est pas à vous que je parle, hein ! Vous, vous êtes là, ce soir, c’est que vous avez commencé par dire « oui » au Seigneur ! Et puis non seulement vous avez commencé par lui dire « oui », mais vous avez continué à lui dire « oui » ! Parce que vous auriez très bien pu, à cinq heures moins le quart, dire « Ouh là…, non ce soir ça va pas être possible, j’ai pas le temps… » Et pourtant vous lui avez dit « oui » jusqu’au bout, vous êtes là, ce soir.
Mais Dieu essaie de sauver TOUS les hommes. Y compris et surtout ceux qui ne sont pas là ce soir. Il veut tous nous sauver. Tous ! Y compris les plus pécheurs. Y compris ceux qui lui ont dit « non » 20.000 fois.
Jésus essaie de le faire comprendre aux docteurs de la Loi qu’il a devant lui. Mais ils sont aveuglés par leur suffisance… ils n’écoutent même plus les demandes des autres, persuadés d’être les meilleurs.
Ils ne comprennent pas.
Et ils n’ont pas, contrairement à nous, d’autres textes de la Bible pour nous aider : l’Apôtre Paul, que nous entendions en 2e lecture et qui nous rappelait : « Ne soyez jamais intrigants ni vantards… Que chacun de vous ne soit pas préoccupé par ses propres intérêts, mais pense aussi à ceux des autres.«
C’est ainsi qu’après avoir d’abord refusé d’aider notre prochain, on peut retourner vers lui et se convertir en lui disant : « Eh bien finalement je suis là, j’ai trouvé le temps… »
Commencer peut-être par dire « non » – et il faut reconnaître que c’est prudent certaines fois, peut-être même vaut-il mieux dire « non » d’abord si c’est pour dire « oui » ensuite – commencer par dire « non » mais se convertir, c’est ce qu’attend Jésus de nous.
Alors évidemment, il préfère encore qu’on dise « oui » dès le début et qu’on continue de dire « oui » ! Mais, soyons honnêtes, il nous arrive parfois de dire « oui » et puis « non »… et il ne nous arrive pas toujours de dire « non » et ensuite « oui »…
Et c’est cette attitude qu’il cherche à provoquer en nous, cette attitude de conversion. La conversion, c’est pas seulement une figure bien pratique à skis, hein ! C’est d’abord ce que doivent pratiquer nos cœurs, se retourner, dire « oui » après avoir dit « non ».
Il est toujours temps pour cela avec Jésus, même au dernier moment, même à la dernière seconde, il est toujours temps de lui redire « oui ».
Alors Chers Amis, retournons-nous vers Dieu, disons-lui « oui » dans notre cœur, même si nous lui avons dit « non », et pour toutes les fois où nous lui avons dit « non », retournons notre cœur et disons-lui : « Oui ! Je veux essayer de te suivre, je veux essayer de venir à la vigne du Seigneur, la tienne, pour vendanger avec toi… »
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Champex-Lac, samedi 30 septembre 2023, 17.00
Aigle, dimanche 1er octobre 2023, 10.00
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