Sainte colère…

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Image libre de droit : pixabay

Chers Amis,

C’est vrai que, quand on réentend cette page d’évangile, on a un petit peu de peine à imaginer Jésus avec un fouet à la main, éjectant les marchands, puis, lorsqu’il a fini de les chasser, renversant les tables, jetant à terre la monnaie des changeurs… Des personnes qui n’étaient là que pour faire leur travail, finalement !

Aujourd’hui, nous, lorsqu’on parle des marchands du temple, c’est autre chose… Bien sûr, on voit tout de suite ces boutiques de souvenirs dans les lieux de pèlerinage, à Lourdes ou ailleurs, dans lesquels on peut acquérir à peu près tout et n’importe quoi, depuis les chapelets fluorescents jusqu’aux statues de Marie avec les étoiles qui clignotent sur la tête, en passant par des étables de Bethléem dans une boule à neige.

Je l’ai vu, je vous assure !

J’aime autant vous dire que la neige, à Bethléem, c’est rare, hein !

Mais à l’époque, les marchands du temple, c’est tout autre chose : les changeurs de monnaie, les marchands d’animaux dans le temple étaient des personnes tout à fait respectables qui faisaient leur métier. Un métier non seulement toléré par la religion, mais dicté par la religion de l’époque !

Parce qu’on montait au temple précisément pour sacrifier un animal, selon la loi de Moïse, une colombe, un bœuf, une brebis… Oui, et c’était parfois bien difficile de la porter nous-mêmes ! Donc on l’achetait sur place, d’où les changeurs de monnaie et les marchands d’animaux !

Rien que de très normal en somme.

Et donc, il est d’autant plus choquant, dans ce contexte qui était le sien, que Jésus se dresse avec violence contre des personnes qui ne font que leur travail !

Pourquoi fait-il cela ?

Certainement qu’il est pris d’une « sainte colère », comme on dit.

Alors arrêtons-nous deux secondes sur la colère, Chers Amis, parce qu’il est de bon ton chez les personnes un peu religieuses, un peu spirituelles, de fustiger la colère.

  • Ah non, c’est pas bien, quand on est chrétien faut pas se mettre en colère ! La colère c’est mal !

D’ailleurs la colère est l’un des 7 péchés capitaux, on le rappelle au passage, hein !

Mais là, il y a un tout petit problème alors ! Jésus aurait-il commis l’un des 7 péchés capitaux ? Vous sentez bien qu’il y a un bug !

Ce n’est pas la colère qui est péché capital, Chers Amis, c’est l’excès ! La mauvaise colère.

Il y a des colères qui sont très bonnes. La colère, à la base, elle est neutre. C’est une émotion exactement comme la joie, exactement comme la tristesse, exactement comme la peur. La colère, c’est une émotion, nous la ressentons tous, ça fait partie de notre humanité.

Et il y a de bonnes colères et de mauvaises colères, exactement comme il y a de très bonnes joies et de très mauvaises joies. Quand vous vous réjouissez que l’autre ait perdu, c’est une mauvaise joie.

Les émotions en elles-mêmes sont neutres et la colère est neutre.

Alors ? Dans le cas de la colère de Jésus, qu’est ce qui nous fait dire que c’est une sainte colère ? Qu’est-ce qui différencie une bonne colère d’une mauvaise colère ?

Eh bien, vous l’avez entendu, c’était juste après, dans le verset de l’Ancien Testament que se remémorent les disciples. Ce verset qui dit : « Il est écrit : ‘l’amour de ta maison fera mon tourment.’ »

L’amour de ta maison fera mon tourment… C’est l’amour qui est à la base de la colère de Jésus ce jour-là ! Et c’est précisément ce qui colore sa colère de bien.

Une maman, un papa qui se fâche contre son enfant, qui vient de faire une grosse bêtise, Cette maman, ce papa ne commet pas un péché capital ! C’est une bonne colère parce qu’elle est dictée par l’amour qu’ils ont pour leurs enfants ! Voilà ce qui définit la colère…

Mais bien sûr, on peut aller un peu plus loin.

Maintenant qu’on sait que la colère de Jésus était sainte, on peut tout de même se demander pourquoi il s’est mis en colère contre ces personnes qui ne faisaient que leur métier…

Et la clé se trouve juste ensuite, lorsque Jésus dit, « Détruisez ce temple et moi en trois jours, je le relèverai ! »

Si nous n’avions pas compris, le texte nous le précise : c’est de son corps qu’il parle. D’où les trois jours, bien sûr, entre la croix et la résurrection.

Détruisez ce temple – moi ! – et en trois jours, je le relèverai.

Alors ça nous amène beaucoup plus loin.

Est ce qu’il y a des marchands du temple ?

Si le temple c’est notre corps – parce que nous sommes tous temples, temples de l’Esprit-Saint, il habite en nous – alors est ce qu’il y a des marchands de corps ? …

Oui, bien sûr !

Les corps retouchés par ordinateur qui nous sont jetés en pâture sur les publicités, sur les magazines qui nous feraient acheter n’importe quoi, du tailleur à la à la crème amincissante, ces corps sont vendus. Vous achetez ce magazine ? Il y a commerce de ces corps. Et je ne parle pas des corps de la pornographie, parce qu’alors là on atteint un commerce vertigineux, n’est ce pas ?

Je crois que c’est cela aussi que Jésus vient nous dire : y a-t-il commerce de vos corps ? Et ce sont ces marchands-là que Jésus chasse.

Quand votre première lecture nous rappelle que nous ne devons pas nous faire d’idole, elle parle aussi de ces corps médiatiques que nous affichons sur les panneaux publicitaires, dans nos villes, dans nos villages, ce sont les idoles d’aujourd’hui.

Alors évidemment, Jésus, tout en ayant cette sainte colère, semble un peu fou ce jour-là, en renversant les tables, en jetant par terre la monnaie…

Mais là encore, nous avions la clé : dans la deuxième lecture de ce matin, quand Paul nous disait que ce qui est folie aux yeux des hommes est en réalité sagesse de Dieu.

C’est une sagesse, que cette colère de Jésus ce jour-là !

Alors, Chers Amis, prenons soin de notre corps. C’est l’un des trois efforts de Carême, vous le savez, avec le partage envers les autres et la prière envers Dieu. Le jeûne envers notre corps, c’est une manière de prendre soin… et on peut jeûner de beaucoup de choses, vous le savez !

Prenons soin du temple de l’Esprit-Saint qu’est notre corps, car notre corps est sacré.

Chaque corps humain est sacré, chaque corps humain est d’égale dignité.

On ne le répétera jamais assez, quelle que soit sa couleur de peau, quelle que soit sa provenance, quel que soit son handicap, quel que soit son âge, chaque corps humain est d’égale dignité.

Ne laissons plus des personnes sans scrupules vendre les corps de nos frères et sœurs, parce que ces gens-là, voyez-vous, je n’aimerais pas être à leur place lorsque Jésus reviendra avec son fouet à la main !

Prenons soin de notre corps, Chers Amis.

Et si, par hasard, il vous arrivait de vous mettre en colère… essayez d’y mettre de l’amour et souvenez-vous que Jésus aussi s’est mis en colère.

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Montreux, samedi 2 mars 2024, 18.00

Bex, dimanche 3 mars 2024, 10.00 (version enregistrée)

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