Mais non, ça ne t’arrivera pas…

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Homélie pour le 22e dimanche TO, année A

Isaïe 66,18-21 / Psaume 116(117) / Hébreux 12,5-7.11-13 / Luc 13, 22-30

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

Chers Amis,

On a envie de dire à Pierre : « Bien sûr que ça va arriver, mais il va ressusciter ensuite, ne t’inquiète pas ! » Parce que nous, on connaît la suite, mais c’est un peu facile… lui ne la connaissait pas.

Et lui, bien sûr, sa réaction, c’est une réaction d’amitié, d’amour fraternel. Lorsque l’un de vos amis vous dit : « je vais avoir à souffrir beaucoup et ça va pas être simple pour moi », vous allez d’emblée le consoler en disant : « mais non, ça va aller, ne t’inquiète pas ! » …et c’est exactement ce que fait Pierre : « Mais non, Seigneur, ça ne t’arrivera pas ! »

On a un regard de tendresse sur Pierre dans cette scène. Même si la parole de Jésus est très dure, hein : « Passe derrière moi, Satan ! »

Mais est ce qu’on ferait mieux ? C’est pas sûr.  Imaginez que Jésus revienne, là. Là, ce matin à l’hôpital. C’est la liesse ! On l’accueillerait tous avec une déférence exceptionnelle !

Et, alors que vous êtes là à vous prosterner devant lui, il vous relève en disant : « Méfiez-vous, ça ne va pas être simple. Demain, il faudra que je passe par une campagne de dénigrement dans vos journaux quotidiens. Demain soir, je serai dans une émission à la RTS où on va me crier dessus, me blasphémer. Et enfin la semaine prochaine, je terminerai décapité par un extrémiste. »

Qu’est-ce qu’on dirait ? « Mais non, Seigneur, on est là ! ça ne t’arrivera pas ! »

Et il nous dirait : « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, ce sont celles des hommes… »

Ici, dans cette maison, vous savez bien, on se le disait tout à l’heure en arrivant, vous savez bien que le chemin est difficile ! Quand on arrive ici pour être remis sur pied, pour pouvoir rentrer chez soi, eh bien on sait que ça va être un chemin de croix, on sait qu’il y aura des douleurs, on sait que ce ne sera pas simple de réapprendre à marcher, ce sera pas simple de se remettre debout, qu’on va passer par des moments où on en aura marre, on aura envie de coller le physio au mur, tellement il nous fait mal…

Et dans ces moments-là, il y a toujours une petite voix en nous, quand c’est pas celle du physio qui nous dit : « C’est pour votre bien, c’est pour que vous alliez mieux… »

Je connais bien ça, vous savez, Chers Amis, je suis passé par là. Moi aussi j’ai fait six mois dans une clinique comme celle-ci, pour réapprendre à marcher.

Et au tout début, le premier jour, le physio m’a dit : « Vous avez deux solutions. Vous allez avoir mal, ça va être difficile, vous allez en baver… et vous avez deux possibilités : soit vous vous rebellez à chaque exercice, vous dites c’est trop difficile, j’ai mal, je le ferai plus, j’arrête… et là je peux vous jurer que vous ne remarcherez plus jamais. » J’avais 25 ans, hein… Il m’a dit : « Vous avez l’autre possibilité, c’est de vous battre, d’en vouloir, de faire ce que je vous dis. Vous allez suer, vous allez transpirer, vous allez avoir mal, vous allez m’en vouloir à chaque séance. Mais là, j’ai une petite chance de vous faire remarcher. »

Et vous m’avez vu. Je marche ! Il a réussi…

Alors bien sûr, c’est un chemin de croix, bien sûr, c’est pas simple, bien sûr, comme Pierre, on aurait envie de dire : « Mais non, mais non, il n’y aura pas besoin de passer par tout ça… »

Et pourtant si. Et ce n’est pas seulement dans cet hôpital ! Suivre le Christ, c’est pas un chemin de rose, non.

Comme on nous le disait d’ailleurs dans la première lecture, le prophète Jérémie, il en bave ! À chaque fois qu’il essaie de parler de Dieu, on le rabroue, on le persécute, c’est pas facile !

Mais nous sommes prophètes de par notre baptême, nous avons à parler de Dieu, et Dieu sait que c’est pas facile ! Quand on essaie d’en parler dans nos familles autour de nous, eh bien parfois on est raillé, on est moqué, peut-être même persécuté.

Et pourtant Jérémie a continué, il a continué.

Tout en continuant à se plaindre, hein, vous savez que c’est de son prénom que viennent les « jérémiades ». C’est parce que Jérémie se plaignait sans arrêt, c’est pour ça qu’on utilise ce mot quand on se plaint.

Mais il a été prophète contre vents et marées. Il a continué à parler de Dieu.

Et au fond, c’est aussi ce que nous disait Paul, dans la lettre aux Romains, quand il nous exhortait à nous offrir en sacrifice. Il ne s’agit pas d’aller maintenant se faire découper en morceaux sur un bûcher. Non !

Mais ça passe par de petits sacrifices quotidiens, par la séance du physio, par les douleurs qu’on a, par l’espérance qu’on a de rentrer à la maison bientôt.

Eh bien, on offre tout ça et on se dit : « Seigneur, je ne veux pas être de ceux qui veulent tout obtenir sans aucun effort ou qui veulent éloigner de toi ce que tu as vécu. Parce que je sais ce que tu leur dis : ‘passe derrière moi, Satan !’ Je veux être de ceux non pas qui souffrent pour gagner leur ciel, parce que ça, ça serait l’hérésie inverse, mais de ceux qui souffrent parce que tu leur as dit que ce n’était pas un chemin de rose… »

La souffrance en elle-même n’a aucun sens. Le sens chrétien de la souffrance, c’est de se souvenir que Jésus est là, cloué avec nous sur cette croix. Qu’il a souffert avant nous, qu’il a souffert pour nous. Et qu’en souffrant avec lui, on a une chance de remarcher un jour. On a une chance de s’en sortir…

Mais si on veut repousser tout cela, alors c’est clair, on sait comment Jésus nous appelle et on sait où l’on va.

Pensons donc alors. Que Jésus est avec nous. Cloué sur nos fauteuils roulants.

Il est avec nous dans nos séances de physio.

Il est avec nous dans chacune de nos douleurs.

Il est avec nous, particulièrement lorsqu’on a envie de dire : « Non. Cette fois, j’arrête, c’est trop, c’est trop dur ! »

Il est avec nous. Il chemine avec nous.

Et même si, comme Pierre, on a envie de lui dire : « mais non, ça ne t’arrivera pas ! », lui aussi aurait envie de nous dire : « mais non, tu ne vas pas souffrir, ça ne t’arrivera pas ! »

Mais il sait très bien que nous sommes humains. Que la souffrance fait partie de la vie. Ça va nous arriver, oui. Mais il est là. Il est là et avec lui, tout est différent ! Même la plus violente des souffrances, si on la laisse habiter par Jésus, ça change tout.

C’est ce que je vous invite à faire pendant votre séjour ici, dans cette maison, à laisser habiter votre souffrance par Jésus et vous verrez… elle est tellement plus légère ensuite !

Faites-moi confiance, je sais de quoi je parle, dans ce domaine.

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Hôpital de Monthey, samedi 2 septembre 2023, 11h

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