Un geste… mais pas automatique

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Photo libre de droits : pixabay

Homélie pour le 6e dimanche de Pâques, C

Actes 15, 1-2.22-29 / Psaume 66 / Apocalypse 21,10-14.22-23 / Jean 14,23-29

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

Chers Amis,

Il y a des phrases, à la messe, auxquelles on répond parfois de manière un petit peu automatique, vous avez remarqué ? Comme ça, parce qu’on a l’habitude. Sans plus trop réfléchir, finalement, à ce qu’on dit.

Ainsi, si maintenant je terminais ma phrase par « pour les siècles des siècles… » il se trouverait certainement plusieurs d’entre vous pour répondre « amen » – si je vous avais laissé le temps de vous endormir, bien sûr.

Je me souviens ainsi d’un ami prêtre qui, tout au début de la messe après le signe de croix a tapoté le micro en disant « il marche pas ce micro ! ». Et les gens ont répondu « Et avec votre esprit ! »

Il y a des automatismes, comme ça, et il y en a qui sont redoutables.

Il arrive aussi qu’on fasse des gestes de manière un peu automatique à la messe. Parce qu’on a l’habitude de les faire. C’est pas grave !

Ça peut être le cas du geste de paix, que nous referons tout à l’heure. Et d’ailleurs justement ce geste suit immédiatement un « et avec votre Esprit », puisqu’on dit : « Que la paix du Seigneur soit toujours avec Vous ! » – « Et avec votre Esprit ! »… et ensuite on se donne la paix.

Il faut faire attention aux gestes qu’on pose de manière automatique… même si l’on est tout content de refaire le geste de paix depuis que le CoVid s’est un peu calmé… mais enfin quand même… se donner la paix, c’est autre chose que simplement se serrer la main ou s’embrasser.

Il y a quelques années de cela, un homme m’aborde et me dit : « Oh moi, vous savez, je ne viens plus à la messe parce qu’on est obligé de se donner la paix. Alors je viens plus.» Authentique.

Devant ma surprise qui est peut-être aussi la vôtre – ah bah oui, si on est chrétien c’est tout de même assez particulier de ne pas vouloir donner la paix aux autres, ou de ne pas vouloir la recevoir – devant ma surprise il précise sa pensée : « Oui, enfin, ce que je veux dire, me dit-il, c’est qu’on est obligé de se serrer la main. Moi j’aime pas ça, c’est pas hygiénique. Et puis j’aime pas serrer les mains des gens que je connais pas. »

Alors c’était avant le CoVid et le CoVid lui a donné en partie raison. Mais en partie seulement.

Parce que – et je le lui ai fait remarquer – il y a plusieurs manières de se donner la paix, on n’est pas obligés de se serrer la main ! On n’est même pas obligé de se toucher, pour se donner la paix. A la messe comme ailleurs, il y a plusieurs manières de souhaiter la paix à la personne qui est à côté ou en face de nous.

Et puis peu importe qu’on connaisse ou non cette personne, d’ailleurs.

Peu importe qu’on soit en paix avec elle ou non, aussi ! Je peux être assis à côté de mon pire ennemi ! C’est la paix du Christ que je lui donne, c’est pas la mienne !

Je lui souhaite la paix de la part de Dieu… il est tout à fait possible de dire ça à quelqu’un avec qui on ne s’entend pas, c’est peut-être même très beau de le faire.

Peut-être que je n’arrive pas à lui donner la paix qui vient de mon cœur, justement. Mais au moins je peux lui donner la paix qui vient de Dieu. Et ça, c’est très beau !

Je lui ai expliqué un petit peu tout ça, à ce Monsieur, et il m’a répondu que personne ne lui avait jamais dit ça, et qu’il faudrait peut-être que je le dise une fois dans une homélie…

« Tiens, m’a-t-il dit, je vous mets au défi de le faire, parce que comme je les lis sur votre site Internet, je reviendrai vous voir si vous l’avez fait. »

Depuis, tous les trois ans, quand reviennent ces textes que nous avons entendus ce soir, je rappelle cette anecdote.

Et j’espère revoir ce Monsieur un jour… c’était pas ici, hein…

« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. » disait Jésus dans l’Evangile. Et cette petite phrase, on l’entend à chaque Eucharistie, dans la bouche du prêtre, juste avant le geste de paix.

Mais notre Evangile de ce soir ne s’arrêtait pas là. La phrase continue avec une autre phrase qu’on n’entend pas, elle, à la messe : « Ce n’est pas à la manière du monde que je vous donne cette paix », dit Jésus.

Ah ça c’est intéressant… Qu’est-ce que ça veut dire ?

Ça signifie probablement, justement, que ce n’est pas en se serrant la main comme d’habitude que vous allez vous donner la paix qui vient de Dieu, puisque ce n’est précisément pas à la manière du monde.

Se donner la paix au nom du Christ, c’est peut-être beaucoup plus profond que cela, justement. Ce n’est certainement pas simplement se dire « bonjour »…

Et en matière de gestes, le CoVid nous a enseigné qu’on pouvait se donner la paix de bien des manières, autrement qu’en se serrant la main.

Mais peu importe le geste, je crois que l’important c’est d’abord ce qui accompagne ce geste. C’est ça qui va faire qu’on transmet la paix… ou tout autre chose. Le regard, notamment.

On apprend à nos jeunes qu’on ne trinque pas sans se regarder dans les yeux. Il en va de même pour la paix !

On se regarde, quand on se donne la paix. On a même le droit de se sourire en plus, parce que c’est quelque chose de beau que l’on donne à l’autre. Et puis nos sourires sont tellement beaux depuis qu’ils ne se cachent plus derrière des masques !

Se donner la paix c’est prendre le temps de se souhaiter la paix qui vient de Dieu.

Alors tout à l’heure, au moment du geste de paix, vous ferez ce qui vous convient, bien sûr.

Il n’y a pas d’obligations, il n’y a pas de geste juste et de geste faux. Ce qu’on nous demande, si je regarde le livre de messe, c’est que ce geste soit fait dans le respect et dans la simplicité.

Partant de là, il y a mille manières de le faire !

C’est exactement comme dans notre première lecture, le livre des Actes : plutôt que d’enfermer les gens dans une règle, ce qui prévalait au début de notre lecture, autant commencer simplement, en fixant quelques principes généraux sans demander à l’autre de faire ce qui lui est impossible !

Et c’est aussi en nous donnant la paix de tout notre cœur que nous construisons la Jérusalem d’en-haut, cette ville dont nous parlait la deuxième lecture, celle qui nous attend là-haut.

Je crois, Chers Amis, que le monde a tellement besoin que les êtres humains vivent en paix que c’est aussi à nous de la porter au monde, cette paix !

Que les gestes que nous posons pour la construire, à la messe ou ailleurs, ne soient jamais de banales habitudes, automatiques, mais que ces gestes soient toujours habités par notre désir de souhaiter la paix à qui en a besoin.

Alors que le Dieu de la paix vous bénisse, Chacune, Chacun.

Amen.

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Champex, samedi 21 mai 2021, 17.00 (version enregistrée)

Aigle, dimanche 22 mai 2019, 10.00

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