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Homélie pour le 5e dimanche TO, année C
Isaïe 6,1-2a ; 3-8 / Psaume 137 / 1Corinthiens 15,1-11 / Luc 5, 1-11
> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :
Dans les lectures que nous avons entendues, il y a trois personnes, le prophète Isaïe dans la première lecture, Paul dans la deuxième lecture et Simon-Pierre dans l’Evangile. Et tous les trois pensent, chacun à sa manière, qu’ils ne peuvent pas agir. Tous les trois sont entravés – ou ont été entravés – par quelque chose qui les empêchait, à leur avis, d’agir.
Mais ce n’est pas l’avis de Dieu.
Très-très souvent, quand on se croit empêché, Dieu est là pour nous dire : « Mais si, justement, tu peux le faire ! Je t’assure ! Même si tu as peur de l’inconnu, même si tu as du stress, même si tu as peur du regard des autres, même si tu as peur de ne pas assez bien faire, fais-le ! Vas-y, je suis avec toi ! »
Ils ont quelques raisons d’avoir peur ! Isaïe, il est envoyé comme prophète. Vous savez ce que c’est, un prophète ? C’est quelqu’un qui doit parler au nom de Dieu. Sacrée responsabilité ! Et Isaïe commence par objecter, vous l’avez entendu dans le texte, il dit : « Ah non, non, non, vous vous êtes trompé, Seigneur, c’est pas possible, c’est pas moi ! Moi, je suis un homme pécheur. »
Pas parce qu’il pêche du poisson ! C’était pas tout à fait le travail d’isaïe. Non, parce qu’il est plein de péchés. À son avis.
Isaïe dit : « Je suis un homme pécheur, et en plus de ça, j’habite au milieu d’un peuple de pécheurs, donc c’est certainement pas ici qu’il faut trouver un porte-parole de Dieu. »
Qu’est-ce que va faire Dieu ? Non seulement il va l’envoyer comme prophète, mais pour être bien sûr qu’Isaïe n’oublie plus jamais de ne pas dire qu’il est pécheur, il va lui brûler les lèvres.
Et qui fait ça ? Vous l’avez entendu, c’est un séraphin.
Alors là une petite explication s’impose, parce que, pour beaucoup de gens, les anges c’est des personnages tout à fait sympathiques avec des petites ailes, ils sont joufflus, ils sont souriants…
C’est plutôt sympa, un ange, vous êtes d’accord ? Il y a plusieurs sortes d’anges dans la Bible. Oui, il y a les chérubins, il y a les Archanges (Michel, Gabriel, Raphaël), il y a l’ange du Seigneur qui apparaît parfois aussi…. Et puis il y a les séraphins. C’est un séraphin qui vient brûler les lèvres d’Isaïe.
Alors « Saraph », en hébreu, ça veut dire « le brûlant », justement, celui qui brûle. Et ça veut dire aussi « le serpent » en hébreu. Parce que les séraphins, c’est des serpents avec des ailes. Et il vaut mieux pas trop avoir affaire à eux.
Les petits anges joufflus, sympathiques, c’est pas tout à fait ça, les séraphins ! Ils sont là pour garder le trône de Dieu, donc ils sont très gentils avec ceux qui sont gentils, mais ils peuvent être méchants avec ceux qui viennent pour profaner le trône.
Le séraphin ne veut pas de mal à Isaïe, mais il va quand même lui brûler les lèvres pour lui dire : « Maintenant tu vas prononcer des paroles pures au nom de Dieu, et arrête de dire que t’es pas fait pour ça ! »
J’aurais pas trop aimé qu’un séraphin vienne me brûler les lèvres à chaque fois que j’ai dit : « Seigneur, non, je suis pas du tout fait pour ça ! »
Et pourtant, c’est quelque chose que Dieu n’aime pas : quand il nous appelle, quand il nous envoie et qu’on commence par dire : « Oh non, non, Seigneur… moi, au Conseil de Communauté ? Non, non, non, je ne suis pas du tout fait pour ça ! »
« Moi, lecteur, devant tout le monde au micro, là ? Non, je suis pas fait pour ça. En plus j’ai un accent, j’arrive pas toujours à bien lire… »
Alors là, il y a un précédent célèbre ! Le premier porte-parole de Dieu, vous savez qui c’est dans la Bible ? Moïse. Moïse, premier porte-parole de Dieu, il a un tout petit défaut : il est bègue ! Il bé-bé-bégaie, Moïse !
On a envie de dire à Dieu : « Seigneur, je ne sais pas si vous connaissez la comm’, si vous savez comment ça fonctionne, mais peut-être qu’il faut choisir quelqu’un qui ne bégaie pas, comme porte-parole ! »
Et Dieu dit : « Si, si c’est lui. Vous allez voir, c’est lui, mon porte-parole ! »
Avec Dieu, tout ce qui nous retient humainement, la peur, le stress, le regard des autres, le perfectionnisme, la peur de l’inconnu, la peur d’être jugé, le manque de courage, tout ça, Dieu le balaie en disant : « Mais c’est rien, ça ! Je suis là ! De quoi tu as peur ? Je suis là et je serai là. Si je t’appelle à quelque chose, je serai là avec toi ! »
Et alors à chaque fois qu’on en doute… c’est la catastrophe !
Le doute, ça peut être l’un des plus grands paralysants. Chaque fois qu’on doute, Dieu est pourtant toujours là. Il ne s’en va pas quand on doute ! Mais c’est nous qui nous coupons de lui, quand on doute.
Alors je vous ai parlé d’Isaïe, mais je pourrais vous parler de Paul dans la deuxième lecture.
Paul, c’est le Daesh de l’époque ! Je vous rappelle quand même que Paul, il décapitait les chrétiens. C’était pas un ange, lui non plus ! Il persécutait les chrétiens, il les mettait à mort !
Et puis un jour, il a été touché, il a eu le cœur touché par Jésus et il est devenu l’un de ses plus grands prophètes. Les lettres de Paul, c’est extraordinaire à lire !
Et Paul dit, dans ses lettres, il est très honnête, il dit : « Moi j’étais moins que rien, j’étais un persécuteur, et pourtant Dieu m’a envoyé ! »
Là aussi, on a envie de dire à Dieu : « Peut-être que tu peux choisir un peu mieux que celui qui persécutait et qui tuait les chrétiens ! » Non… Dieu dit : « C’est lui, vous verrez, c’est lui dont on parlera 2000 ans plus tard. C’est lui que j’envoie. »
« Me voici, envoie, moi ! »…
Et puis il y a Simon-Pierre. Et alors là, c’est l’une des pages les plus comiques de l’Évangile !
Simon, il est pêcheur. Avec un circonflexe. Il pêche du poisson, c’est son métier. Et il le fait bien, en général. Et là, cette nuit-là, il n’a rien pris, rien ! Faut y aller, hein, pour pas pêcher un seul poisson de toute la nuit, faut y aller ! Il a rien pris. C’est la catastrophe, ça veut dire qu’il ne va rien vendre ce jour-là. C’est très, très embêtant.
Et puis débarque Jésus.
Nous, bien sûr, on sait qui est Jésus. Mais pour Pierre, à l’époque, Jésus c’est le charpentier du village. Et le charpentier du village va venir expliquer à Pierre comment pêcher !
C’est un petit peu comme si, pour régler la conduite d’eau chez vous, on vous envoyait un banquier, vous voyez ? À priori, c’est pas tout à fait son métier, hein ! Ou alors si, pour garder les moutons en haut dans le pâturage, on faisait venir un informaticien ! On ne sait pas trop ce qu’il va faire avec son ordinateur dans la montagne !
Et probablement que Pierre commence par se dire : « Qu’est-ce qu’il veut m’apprendre mon métier, celui-là ? Lui s’occupe du bois, qu’est-ce qu’il connaît à la pêche ? En plus, son père aussi est charpentier. Donc c’est de famille ! C’est pas tellement des gens de l’eau, de la mer. »
Et Jésus lui dit deux choses.
Vous avez retenu ce que lui dit Jésus ? Deux choses. Au passage, il ne lui demande pas de prendre du poisson ! Pierre se lamente de ne pas avoir pris de poisson, Jésus ne lui demande pas de prendre du poisson. Il lui dit deux choses, vous vous souvenez ?
- Avance au large !
Il y a des théologiens qui commentent la parole de Dieu, qui disent : « Oui, c’est mieux parce qu’au large, il y a plus de poissons ! » Si vous allez au bord du lac, vous verrez qu’au bord du lac, surtout si on sait les appâter, il y a aussi du poisson. C’est pas du tout parce qu’il y a plus de poissons au large, il y a autre chose derrière…
« Avance au large… va un peu plus loin que ta zone de confort, essaie ce que t’as encore jamais essayé, va à l’endroit où tu n’es jamais allé… »
« Avance au large »… Et il lui dit autre chose :
- Jette les filets !
C’est tout !
Jette le filet ! C’est-à-dire : « Fais ton job ! Fais ton job, tu sais faire ça, c’est ton métier, alors fais-le ! Jette le filet, ça, tu sais le faire ! »
Comme si Jésus voulait lui dire : « Le reste, ça m’appartient. Les poissons, c’est mon travail. Toi, fais ce que tu sais faire. Le geste, lancer le filet, tu sais le faire, c’est ton métier. Eh bien fais-le ! Mais fais-le… un peu plus loin que d’habitude. Sors de ta zone de confort. »
Eh bien, c’est exactement ce que nous dit Jésus dans nos vies. Quand il nous appelle à quelque chose et qu’on a envie de lui dire : « Oh là là ! Non ! C’est pas du tout fait pour moi ! » Jésus dit : « Si. Avance un peu plus loin, va là où tu n’es jamais allé. Et puis fais ton travail. »
Je crois que c’est cela qu’il nous faut retenir, Chers Amis. Quel que soit ce à quoi nous sommes appelés – et on est appelé à plusieurs choses dans nos vies – quel que soit ce à quoi nous sommes appelés, écoutons Jésus nous dire : « Fais-le, fais ton travail, mais fais-le en-dehors de ta zone de confort. Ose, prends un risque, va un peu plus loin que ce que tu as déjà fait, va au large… Alors, il se pourrait bien que tu vois surgir un miracle ! »
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Bex, samedi 8 février 2025, 18.00
Villeneuve, dimanche 9 février 2025, 9.30
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