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Homélie pour le 2e dimanche de Pâques, A
Actes 2,42-47 – Psaume 117 – 1Pierre 3-9 / Jean 20, 19-31
> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :
Chers Amis
Je ne sais pas si vous êtes comme moi… mais pendant de nombreuses années, j’ai dit : « Oh vous savez, moi, je suis comme Saint-Thomas. J’ai besoin de toucher pour croire, j’ai besoin d’avoir des preuves tangibles. »
C’est une immense bêtise que cette phrase ! Mais je ne l’ai compris que bien plus tard. Quand je me suis mis à travailler un petit peu la Bible… parce que la Bible, vous savez, c’est pas compliqué ! Il suffit de lire.
Mais très souvent, on croit avoir lu ce qui n’est pas écrit. Et particulièrement dans ce genre d’épisode. Quand commence un épisode qu’on connaît bien… Et on se dit : « Ah bah oui, Thomas, bien sûr, je connais, je me souviens. »
Thomas a-t-il dû toucher pour croire ? La réponse est NON.
Et pourtant, on a tous l’image en tête, tous ! À cause des tableaux notamment.
Le fameux tableau du Caravage où on voit le doigt de Thomas s’enfoncer dans la chair du Christ qui se plie sous l’action du doigt. Mais c’est une mauvaise lecture qu’ont faite nos ancêtres dans les siècles.
Rien dans ce texte ne vous dit que Thomas a dû toucher. Et on va le voir, au contraire : tout prouve qu’il n’a pas eu à toucher.
Vous êtes comme Saint-Thomas ? Tant mieux.
On l’a dit incrédule, on l’a dit rempli de doutes. D’abord, le doute fait partie de la foi. C’est pas si mal d’avoir des doutes !
Mais ensuite on va voir que Saint Thomas mérite d’être réhabilité. Parce que, à bien lire ce texte, il n’est pas du tout l’incrédule qu’on en a fait.
Commençons par le début. La première fois que Jésus vient, vous l’avez entendu, les portes sont verrouillées. Et pourquoi sont-elles verrouillées ? Mais le texte nous le dit : elles étaient verrouillées par crainte des Juifs. Or, cette première fois, Thomas n’est pas là.
Première déduction que l’on peut faire : Thomas n’est pas avec ceux qui ont peur.
Vous me direz, c’est un peu facile. Il est peut-être dans un autre endroit où les portes sont verrouillées aussi.
Peut-être.
Mais je vous signale que la deuxième fois, lorsque Jésus vient la semaine suivante, les portes sont toujours verrouillées, mais cette fois-ci, on ne nous dit pas que c’est par peur.
C’est jamais innocent, les détails dans la Bible. La première fois, elles sont verrouillées par peur. La deuxième fois, elles sont verrouillées. Et la deuxième fois, Thomas est là. Il n’est pas associé à la peur.
Vous êtes comme Saint-Thomas, réjouissez-vous. Vous êtes de ceux qui n’ont pas peur !
Bon, c’est facile. Allons un peu plus loin.
Thomas, entre les deux apparitions de Jésus, entend les disciples lui dire : « Nous avons vu le Seigneur ! » Et il leur dit : « Faut voir ! Pas sûr. Moi, j’ai besoin de voir la marque des clous, de mettre mes doigts dans la marque des clous, de mettre ma main dans son côté. »
Vous êtes comme Saint-Thomas ? Eh bien, vous ne vous ralliez pas trop facilement à l’opinion de la majorité. C’est pas si mal, hein ? Tout le monde lui dit que le Seigneur est ressuscité. Thomas, qui ne l’a pas vu dit : « C’est tellement incroyable que pardon, mais moi, j’attends de voir ! »
Est-ce que c’est si redoutablement peccamineux qu’on a bien voulu le dire ? Non, c’est un doute légitime et qui plus est, c’est quelqu’un qui ne suit pas facilement l’opinion du groupe. Et Dieu sait si on la suit facilement parfois, l’opinion du groupe !
Allons encore plus loin lorsque Jésus apparaît à Thomas, cette fois-ci, il lui dit, il le taquine, il lui dit : « Alors maintenant, vas-y ! Avance ton doigt. Mets ton doigt dans la marque des clous, avance ta main ! Mets-là dans mon côté ! Cesse d’être incrédule, sois croyant ! »
Et que dit la suite du texte ? Thomas s’écrie : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Et il n’est nulle part dit qu’il a avancé la main.
Alors vous me direz : « C’est pas dit, mais c’est peut-être ce qui s’est passé quand même ! Tout n’est pas dit… » Je vous dirai : « Vous oubliez la phrase suivante… »
Quelle est la phrase suivante ? Jésus lui dit : « Parce que tu m’as VU, tu crois ! » Il ne dit pas « Parce que tu m’as touché, tu crois ! »
…Parce que tu m’as vu, tu crois…
Vous voyez, quand on lit attentivement, c’est intéressant parce que la perspective change ! Thomas avait besoin de toucher, il était humain, il avait commencé par douter. Et puis devant Jésus, il n’a plus eu besoin de toucher. Il s’est écrié : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » et il a cru parce qu’il a vu.
Évidemment, il faut encore faire le pas suivant et Jésus va le lui dire : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! »… et c’est aussi, d’ailleurs, ce que disait Saint Pierre dans la deuxième lecture, Saint Pierre qui était là lors de cet épisode.
Saint Pierre qui nous disait : « Lui, vous l’aimez sans l’avoir vu ! En lui, vous mettez votre foi ! », c’est à nous que Saint Pierre s’adresse en disant cela !
Et c’est à nous, aussi, que le livre des Actes des Apôtres – notre première lecture – s’adressait en parlant d’épreuves qui vérifient la qualité de notre foi.
C’est à l’une de ces épreuves là que Thomas a été confronté ce jour-là. Une épreuve destinée à vérifier la qualité de sa foi – et Dieu sait qu’elle est belle, la qualité de cette foi !
Puissions-nous alors, Chers Amis, nous exclamer tout à l’heure, lorsque j’élèverai l’hostie, puissions-nous nous exclamer dans le fond de notre cœur : « Mon Seigneur et mon Dieu »… parce que là, en plus, nous le verrons !
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Les Diablerets, samedi 15 avril 2023, 18.00 (version enregistrée)
Leysin-Village, dimanche 16 avril 2023, 10.15
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