Pierres Vivantes

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Homélie pour le 5e dimanche de Pâques, A

Actes 6,1-7 / Psaume 32 / 1Pierre 2,4-9 / Jean 14,1-12

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

Chers Amis,

J’aimerais que vous visualisiez quelques instants un de ces petits  murets de pierres sèches que nous rencontrons si souvent dans nos vignes, les vieux murs de nos maisons, aussi par exemple. Un de ces vieux murs de pierre…

Ça va, vous l’avez ? Vous en avez au moins un en tête ?

Regardez les pierres de ce mur. Pas une seule n’est égale à une autre. Pas une. Toutes sont différentes. Et pourtant, ensemble, et ensemble seulement, elle forment un ouvrage solide et très utile.

Et même si vous prenez des murs plus modernes comme ceux qui nous entourent, des murs de béton… malgré le fait que les blocs de béton se ressemblent comme deux gouttes d’eau, si vous vous approchez, vous verrez qu’aucun n’est totalement identique à son frère jumeau. Aucun.

Chaque bloc tout seul ne forme rien du tout. C’est de les avoir mis ensemble qui permet de construire un édifice aussi important qu’une église comme celle-ci, par exemple, ou que l’un de nos barrages en montagne, par exemple.

Regardez maintenant notre communauté de ce soir, regardez-la…

Pas un visage n’est exactement identique à un autre. Pas un de ses membres ne ressemble exactement à un autre. Alors, oui, il y a des airs de famille chez certains, bien sûr. On sent qu’il y a des visages qui ont le même sang qui coule dans les veines… Mais personne n’est totalement identique à qui que ce soit. Nous sommes tous différents.

Et pourtant nous sommes les pierres vivantes de l’Eglise. Sans nous, ce lieu ne vivrait pas. Les pierres de ces murs n’auraient aucun intérêt sans nous. Et plus nous sommes nombreux – comme ce soir – plus la communauté est solide, plus elle est vivante.

Quant à la pierre d’angle de notre édifice, de nos communautés, c’est le Christ.

Pierre – justement lui, qui a ce nom – Pierre le disait très bien dans la deuxième lecture de ce soir. « Vous aussi, disait-il, vous aussi comme pierres vivantes, vous entrez dans la construction de la demeure spirituelle. »

C’est à nous qu’il s’adresse. Nous sommes tous de ces pierres vivantes dont parlait cette lecture.

Et chaque pierre a son rôle, à l’intérieur de la construction. Il y a les jolies qu’on met face visible, bien devant pour qu’on les voit… il y a les plus solides qu’on va placer plutôt en bas pour qu’elles soutiennent l’édifice… il y a les plus petites qui vont servir à combler les espaces, et Dieu sait si elles sont importantes, même celles-là ! Elles sont bien loin d’être de simples bouche-trous : elles permettent que le mur soit étanche. Sans elles, l’eau passerait.

Chaque pierre est essentielle, et elles ne sont pas interchangeables ! Il serait folie de mettre la pierre la plus lourde au sommet du mur, par exemple. Chacune a sa place, son rôle, selon ses caractéristiques.

Et dans la communauté chrétienne, c’est la même chose.

La première lecture nous le montrait fort bien, avec la nécessité d’avoir ceux qui servent à la table du Seigneur – ils sont là – ceux qui enseignent – comme moi en ce moment – ceux qui chantent, ceux qui prient, que sais-je encore ? Même ceux qui se taisent sont essentiels.

Et si je demandais là maintenant à quelqu’un de vous de poursuivre la messe à ma place, il y a fort à parier que cette personne ne serait pas tout à fait à l’aise… Non pas que je sois irremplaçable, ce n’est pas du tout ce que je veux dire ! Mais parce que chacune, chacun a son rôle, ici aussi. Chacune, chacun a ses charismes au service de toute la communauté.

Et on n’est pas fait, forcément, pour faire ce que fait l’autre. L’important, c’est la force que nous représentons ensemble.

Elle est à l’image de la Trinité, cette force. A l’image de cette communion de personnes dont parlait l’Evangile : le Fils n’agit pas tout seul, le Père est en lui, et l’Esprit Saint est la force d’amour qui relie, qui solidifie le tout, et puis qui est envoyée au monde.

Tous les textes de ce soir, voyez-vous Chers Amis, ont ce point commun que l’on retrouve en notre Dieu Trinité : tout seul, on ne fait rien ou pas grand-chose.

C’est en agissant ensemble que l’on devient forts, en communion les uns avec les autres.

Nos communautés, je le crois Chers Amis, doivent retrouver cet aspect, au milieu d’un monde qui est de plus en plus individualiste où le chacun-pour-soi semble être encore plus roi que le roi Charles couronné ce matin.

J’espérais, avec vous sans doute, que le monde soit différent après le CoVid. Pourtant… tout semble avoir recommencé comme avant.

Alors je me dis qu’au moins nous, les Chrétiens nous pourrions donner un témoignage à ce monde. Le témoignage d’une communauté unie où le chacun pour soi n’a pas lieu d’être. Parce qu’on sait que chacun est indispensable.

Si l’on vient à la messe, comme ce soir, uniquement pour soi-même, on ne fait pas communauté, on n’est qu’un caillou tout seul au bord de la route, qui n’existe que pour lui-même.

Si l’on vient à la messe pour repartir dans nos vies exactement comme avant, mieux vaut ne pas venir !

Mais ce n’est pas votre cas, sinon vous ne seriez pas là !

Vous, vous savez que vous êtes des pierres vivantes. Que chaque pierre d’un mur se réjouit de la présence de sa voisine, de celle qui est au-dessus ou en-dessous. Parce que c’est ensemble, toutes ces pierres, qu’elles tiennent, qu’elles sont utiles, qu’elles font communion.

Il doit en être ainsi parmi nous.

Que chacune des pierres vivantes que nous sommes se réjouisse de la présence et du travail de l’autre !

C’est ainsi qu’ensemble, et ensemble seulement, nous serons véritablement les pierres vivantes du Royaume de Dieu.

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Clarens, samedi 6 mai 2023, 18.00

Glion, dimanche 7 mai 2023, 11.00

…et dans une version semblable jadis :

Champex, samedi 13 mai, 17.00