Marie des Européens

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Homélie pour la solennité de

L’ASSOMPTION DE MARIE

Apocalypse 11,19a; 12,1-6a.10ab / Psaume 44 / 1Corinthiens 15,20-27a / Luc 1, 39-56

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

Chers Amis

Je commence par vous relater une petite conversation entre deux jeunes… Petite conversation entendue dans un train, pas si loin d’ici, en France. Ils se disaient ceci :

  • Au fait, y a combien d’étoiles sur le drapeau européen, tu sais, toi ?
  • Heu… douze, je crois. Bah… il y en a autant que de pays de l’union européenne, non ?
  • Oui mais attends, on est plus que douze, on est vingt-sept, non ?
  • Ah ouais, t’as raison. Y a 27 étoiles alors ?
  • Ben non, je crois pas. Il me semble bien qu’il y en a douze.
  • Oui mais alors pourquoi douze ?
  • Bah sûrement parce que c’est joli… Ou alors comme un cadran de montre, il y a douze séparations aussi.
  • Ah ouais, peut-être, ça doit être ça…

Vous, Chers Amis, vous qui venez de ré-entendre dans la première lecture le texte de l’Apocalypse, qui parle d’une femme couronnée de douze étoiles, forcément, ça vous fait « tilt ». Enfin j’espère que ça vous fait tilt !

Mais ce n’est pas le cas des deux jeunes voyageurs qui étaient dans le même wagon que moi et dont j’avais surpris la conversation.

Et ils ont eu la mauvaise idée d’aller vérifier sur Internet…

Attention à Internet, chers Amis ! Il y a le meilleur comme le pire ! Mais c’est loin d’être une source fiable ! C’est même l’un des lieux favoris de celles et ceux qui veulent nous priver du vrai sens de notre histoire, notamment quand ça les arrange.

Parce que là, si vous allez regarder sur Internet l’origine du drapeau européen, vous allez avoir une petite surprise.

Si vous allez sur le site officiel de l’Union Européenne, comme je l’ai fait, on vous dit ceci, je cite : « Le cercle d’étoiles dorées représente la solidarité et l’harmonie entre les peuples. »

…C’est beau. Mais c’est pas vrai du tout ! Et pourtant c’est le site officiel de l’union européenne !

Les douze étoiles du drapeau européen, j’espère que je ne vous l’apprends pas, viennent d’abord du texte de l’Apocalypse que nous avons lu en première lecture ce matin.

La femme reine du ciel, d’où la couleur bleue, et couronnée de douze étoiles, c’est la femme de l’Apocalypse.

Et si vous allez voir la véritable histoire du drapeau européen, celle qu’on aimerait bien que vous oubliiez, vous verrez que ses fondateurs voulaient montrer les racines chrétiennes de l’Europe, mais tous les drapeaux à croix qu’ils ont proposés ont été refusés. Par un membre.

Du coup, on a eu l’idée des étoiles, c’est un peu plus neutre que la croix. Il y en avait d’abord quinze, parce qu’on pensait en mettre autant qu’il y avait d’Etats-membres. Et sur ce coup-là mes deux jeunes n’avaient pas tout à fait tort au début.

Mais on est revenu à douze sous l’impulsion de Monsieur Arsène Heitz, celui qui a dessiné le drapeau actuel.

Et il avouera plus tard qu’il y avait bien un lien avec Marie, avec ce texte parlant de la Reine du Ciel, la femme aux douze étoiles de l’Apocalypse parce qu’il porte la médaille miraculeuse avec ce symbole et qu’il voulait donner à l’Europe un symbole d’union entre les religions. Parce que, vous le savez bien, Marie, unit les religions : on la trouve dans le Coran et bien sûr elle était juive.

Donc c’est une personne qui peut unir, qui est susceptible d’unir les peuples et les religions juive, chrétienne et musulmane. Beau symbole de paix qu’avait trouvé l’inventeur du drapeau. La couleur s’imposait d’elle-même pour la Reine du Ciel, le bleu.

Eh oui…

Alors je vous rassure, on n’est pas mieux, nous, les Catholiques. Si je vous demandais là, maintenant, d’expliquer le mystère de l’Assomption à partir des textes que nous avons entendus ce matin, que l’Eglise nous donne à entendre en ce jour de fête, je ne suis pas sûr qu’il y aurait beaucoup de bonnes réponses – de ce côté-ci de la chapelle sûrement [montrant les sœurs]… et encore !

Pour bien comprendre ce que nous fêtons chaque année le 15 août à partir des textes de la messe, il faut rembobiner, il faut reprendre tous les textes dans le sens inverse de celui que nous avons entendu : il faut commencer par l’Evangile, puis la deuxième, puis le psaume, puis la première.

L’Evangile de Luc, d’abord, parle d’une femme enceinte, dont on sait qu’elle va enfanter Jésus, le Messie. Début de l’histoire.

La seconde lecture, Paul, qui nous disait que ce Christ, ensuite, est mort pour être le premier des ressuscités, parce que le dernier ennemi que détruira le Christ, c’est la mort elle-même. Magnifique annonce de Paul : un jour, avec Jésus, nous serons tous ressuscités. Gardez ça en tête, on y reviens.

Et puis il y avait le psaume, qui nous parlait d’une femme qui se prosterne devant son Seigneur, une fille qui devient une femme en gloire.

Avec tout cela, on a déjà l’évocation symbolique du parcours terrestre de Marie et de Jésus : la naissance, la mort, la résurrection, et la fin de la vie terrestre de Marie avec son Assomption, son entrée dans la gloire du ciel.

Enfin, prenons notre première lecture en dernier, l’Apocalypse. C’est d’ailleurs le dernier livre de nos Bibles. Et on découvre cette femme vêtue de soleil. Le psaume nous en parlait déjà d’ailleurs – une femme vêtue d’étoffes d’or – et cette femme de l’Apocalypse vêtue de soleil est enceinte. Elle enfante un Fils, le Berger de toutes les nations. Et l’enfant est enlevé auprès de Dieu et de son trône, la femme quant à elle s’enfuit au désert. Difficile de ne pas y voir l’histoire de Marie et de Jésus, pourtant ce n’est pas dit.

Rien, dans l’Apocalypse nous dit que la femme dont on parle, c’est Marie. Vous pouvez aller vérifier. Et ce n’est pas sûr que ce soit Marie.

Même si on nous dit qu’elle est couronnée d’étoiles avec la lune sous les pieds, exactement comme le texte du chant que nous avons chanté au début de cette messe. Elle ressemble à Marie. Mais elle peut être vue aussi, plus largement, comme l’image de notre Humanité tout entière, et c’est ainsi que la voient la plupart des théologiens.

Cette femme qui enfante à la fin des temps, c’est l’image de notre humanité que Dieu veut épouser dans son Eglise, celle qui enfante le Fils de l’Homme.

Et la venue du Fils de l’Homme, ce n’est pas la naissance de Jésus à Bethléem, c’est son retour à la fin des temps.

La naissance du Fils de l’Homme, c’est le moment où tous les habitants du monde, vous comme moi, nous deviendrons enfin pleinement, réellement humains, Fils de l’Homme. Et vu le nombre de conflits qu’il y a actuellement sur la terre, j’aime mieux vous dire qu’il y a encore de l’eau qui va couler sous les ponts avant qu’on devienne véritablement humains sur cette planète !

La naissance du Fils de l’Homme, c’est la naissance de l’Humanité, le jour où nous renaîtrons tous au ciel, le jour de la Résurrection des Morts.

Le 15 août, nous célébrons le cadeau incroyable que Dieu fait à Marie, celle d’être la première sur notre chemin de ressuscités. Et la promesse qu’il nous fait à nous : vous aussi, comme elle, vous vivrez éternellement.

« L’Assomption »… c’est à la fois tout simple et bien mystérieux. Le texte officiel de l’Eglise proclamé en 1950 dit simplement que « Marie n’a pas connu la dégradation du tombeau »… ça dit tout et ça ne dit rien : est-ce qu’elle est morte ? Ce n’est pas dit. Est-ce qu’elle n’est pas morte alors ? Ce n’est pas dit non plus. Elle n’a pas connu la dégradation du tombeau, déduisez-en ce que vous voudrez ! Pour le reste : mystère.

La femme de l’Apocalypse couronnée de douze étoiles est-elle Marie ? Peut-être. Est-elle Marie en gloire à la fin des temps ? Peut-être. Est-elle l’image de l’Eglise dont Marie est assurément la meilleure des marraines ? Peut-être. Toujours est-il que le drapeau européen se base sur ce texte. Et peut-être ce drapeau préfigure-t-il l’entente, un jour, entre tous les peuples. Mais de grâce, ne vous laissez jamais dire qu’il ne vient pas de la Bible, s’il vous plaît.

Nous sommes en chemin vers notre résurrection. La première en chemin, c’est Marie. Célébrons-la avec joie et demandons-lui d’éclairer nos chemins de vie, nos chemins de foi, nos chemins vers Dieu.

Amen.

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Carmel de Bayonne, mardi 15 août 2023, 8.30

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2 Responses

  1. Xavier Rabit

    Père Vincent,
    Vous êtes un vitrail qui laisse passer la Lumière.
    Que adieu vous bénisse.
    Xavier

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