Homélie pour le
Mariage de Lydia et Eddy
Cantique des Cantiques 2,8ss et 8,6-7 / Matthieu 5,13-16
> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :
Je l’ai dit tout à l’heure, quand la famille des chrétiennes et des chrétiens se rassemble, on ouvre l’album de famille.
Ce n’est pas tout à fait vrai parce qu’en réalité, c’est un ensemble d’albums. Vous savez que dans la Bible, il y a 76 albums ou 77, ça dépend comment on compte, donc c’est un assez volumineux album de famille. Et il y a de tout, dans cet album de famille, il y a absolument de tout ! Vous y trouverez bien sûr les grands poèmes lyriques du début de la Bible. Vous y trouvez aussi les lettres pas seulement de Saint Paul d’ailleurs mais aussi de Saint Jean de Saint Jacques. On y trouve des poèmes, on y trouve des cantiques, on y trouve des proverbes et, aussi, un livre érotique.
Je sens que certains vont se replonger dans leur Bible en arrivant à la maison ce soir. Bon, rassurez-vous, nos traductions sont bien édulcorées ! Et pourtant si on va le lire en hébreu, ce livre, eh bien « 50 nuances de Grey », ils peuvent aller se rhabiller, hein, j’aime mieux vous dire ! Ce livre, c’est le Cantique des Cantiques. Un poème d’amour enflammé, magnifique.
Dieu est amour, c’est écrit ailleurs dans la Bible, mais ça fait partie de sa carte d’identité. Et donc, ça fait dire à beaucoup de gens que ce livre parle de Dieu. Mais quand on le lit bien, on s’aperçoit qu’il y a un bien-aimé et une bien-aimée, là-dedans. Et donc il n’y a pas que Dieu.
Alors je me dis que le Bien-aimé et la Bien-aimée sont peut-être Lydia et Eddy aujourd’hui, dans ce livre. Nous avons entendu de très belles choses, alors, sur Lydia, parce qu’on nous dit de la bien-aimée qu’elle est toute belle… bah y a qu’à la regarder, hein ! On la qualifie de colombe. Oui, ils la connaissaient pas bien, mais… je suis sûr que tes élèves sont mitigés sur le fait d’être colombe. Mais quand même, quand tu veux, tu l’es aussi !
Mais alors, c’est plus délicat pour Eddy, parce que quand on écoutait ce que disait la page que vous avez choisie du Cantique des Cantiques, on parlait du petit d’une biche.
Alors bon oui, il y a l’image de la chasse là-derrière, évidemment ! Quand on connaît Eddy, ça va pas mal. Mais enfin, j’ai peine à le voir comme le petit d’une biche, là, comme ça, tout de suite – avec tout le respect que je dois à ta Maman, Eddy, hein !
On disait ensuite que c’est un jeune faon. Un jeune fou, oui !
Il faut être un peu fou pour s’engager comme ça, comme vous allez le faire tout à l’heure ! Mais qu’elle est belle cette folie ! Qu’elle est belle, cette folie qu’on nomme l’amour !
Et puis y avait bien sûr dans ce texte toutes ces images qui vous sont chères : les montagnes. Celle sur laquelle on nous trouvons par exemple. « Il bondit sur les montagnes, le bien-aimé, il court sur les collines »… alors il est arrivé en marchant, tout à l’heure, c’est vrai. Mais il y avait de cela quand même, dans son cœur, c’est net. C’est bien lui, c’est bien elle dont nous parle le Cantique des Cantiques.
C’est bien aussi de vos valeurs que parle ce texte… La confiance qu’il faut pour se lancer comme ça à deux, le partage que cela suppose, l’importance des moments à deux autant que des temps pour soi. La fidélité, bien sûr, on le redira tout à l’heure… mais également l’humour parce que sans cela, on ne va pas bien loin. Et Dieu sait si on a ri en préparant aussi ce moment toutes les fois où nous nous sommes rencontrés chez vous.
Chez vous, à Chamoille, où j’avoue que la première fois que je vous ai rendu visite, j’aurais bien aimé avoir un peu de sel. Il avait bien neigé, ce soir-là… et venant d’Orsières la route est sympathique, faut reconnaître… sympathique !
Et c’est là que l’Évangile prend toute son importance. L’Évangile parlait du sel. Alors bien sûr, Jésus ne parlait pas tout à fait du même sel que celui qui nous aide à ne pas déraper dans nos montagnes. Et pourtant ! Quand il dit « vous êtes le sel de la terre », c’est de vous deux qu’il parle ! Puisqu’à chaque fois qu’on ouvre la Bible, c’est pour nous dire ce qu’on est en train de vivre aujourd’hui.
Vous êtes le sel de la terre parce que vous vous aidez l’un à l’autre, à ne pas déraper, à ne pas glisser. Et donc il y a cette fonction-là, aussi, dans votre sel. Mais il n’y a pas que cela : une viande bien salée, c’est important également, notamment pour la conserver. Et puis il y a le sel qui donne du goût. Et vous donnez du goût à la vie, vous vous en donnez l’un à l’autre, du goût.
Jésus utilise une autre image : « vous êtes la lumière du monde. » Et une lumière n’est pas faite pour être rangée quelque part, elle est faite – bien sûr – pour être placée en-haut, et briller. C’est pour ça que vous êtes devant, aujourd’hui ! Vous êtes lumière du monde aujourd’hui ! C’est vous qui éclairez la route, le chemin que nous avons pris pour venir jusqu’ici, c’est guidés par la lumière de votre amour que nous sommes venus jusqu’à Moay cet après-midi.
Et en étant lumière du monde, vous devenez des exemples. C’est une lourde responsabilité que d’être lumière, vous devenez des phares des guides. Les gens, en regardant votre amour, se disent : « Eh bien voilà, c’est ça aimer quelqu’un, c’est ça s’engager pour la vie, c’est ça les valeurs que Lydia et Eddy nous donnent par leur lumière ! » Ce n’est pas rien…
Que cette lumière à tous les deux brille ! Que votre amour – pour reprendre les mots de la fin du Cantique des Cantiques – que votre amour soit fort comme la mort ! Que votre passion soit implacable comme l’abîme ! Que vos flammes soient des flammes de feu, fournaises divines ! Les grandes eau ne pourront éteindre votre amour, ni les fleuves l’emporter.
Lydia, Eddy, que ce beau jour ne soit surtout pas le plus beau jour de votre vie… mais qu’il soit le premier des plus beaux jours désormais ! Amen.
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Oratoire de Moay, Mayens de Bruson / VS, samedi 24 juin 2023, 14.30
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