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Homélie pour le 6e dimanche de Pâques, A
Actes 8,5-8.14-17 / Psaume 65 / 1Pierre 3,15-18 / Jean 14,15-21
> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :
Chers Amis,
On se connaît peu, pas du tout même pour certains. Je ne suis venu qu’une ou deux fois remplacer Karol ici.
Mais si vous me connaissiez, vous auriez remarqué que j’ai changé de lunettes depuis quelques temps. Et évidemment, comme on se connaît peu, aucun risque, que vous l’ayez remarqué. Celles et ceux qui me croisent en chair et en os régulièrement, le savent. Celles et ceux qui me suivent sur YouTube le savent aussi. Mais vous… pas forcément.
J’ai changé de lunettes parce que je suis myope, comme une taupe, depuis tout petit. Ça, ça m’occasionnait déjà une bonne paire de lunettes ! Mais j’ai l’âge que j’ai… et donc j’ai besoin également, comme plusieurs d’entre vous, de lunettes pour voir de près, pour lire.
Et quand on est dans ce cas-là, une des solutions – plutôt que de changer constamment de paires de lunettes – c’est de se faire faire des doubles foyers.
Ça fait un peu plus mal aux porte-monnaie mais c’est bien pratique en somme. Ça change la vie.
Je suis pas du tout en train de faire de la publicité pour les opticiens, rassurez-vous, hein ! Mais j’ai maintenant une paire de lunettes qui me permet de voir de loin vos sourires. Et d’un seul regard de voir aussi les textes de la Bible que nous avons entendus.
Ça permet de voir le monde avec un nouveau regard… et un seul regard. Que demander de plus ?
Pourquoi est-ce que je vous parle de lunettes ? Eh bien parce que c’est en lien avec Jésus et l’Esprit-Saint.
Alors là vous allez me dire : « J’ai bien écouté l’Evangile… il m’a pourtant pas semblé entendre parler de lunettes là-dedans ! »
Mais si vous avez bien écouté l’Evangile, à plusieurs reprises se trouvait le verbe « voir ». Car il s’agit de voir. Et de voir doublement même.
C’est Jésus qui parle et il nous dit notamment : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. Moi, je prierai le Père. Il vous donnera un Défenseur, l’Esprit de vérité. Lui que le monde ne peut pas recevoir car il ne le voit pas et ne le connaît pas. »
Le monde ne voit pas l’Esprit. Et ne le connaît pas. Première question de regard de notre texte de ce soir.
Mais ça continuait : « Vous, disait Jésus, vous le connaissez, cet Esprit, car il demeure auprès de vous et il sera en vous. D’ici peu de temps, disait Jésus, le monde ne me verra plus. Mais vous, vous me verrez vivant ! »
…Le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant… on a envie de dire à Jésus : « Seigneur, si le monde ne te voit plus, comment est-ce que nous, nous allons te voir ?! »
A priori, on a les mêmes yeux que celles et ceux qui nous entourent, que nos contemporains ! Mais nous savons bien que nous, les Chrétiens, nous sommes dans le monde, mais pas du monde.
Certes, nous avons des yeux de chair. Comme chaque habitant de cette petite planète. Mais… nous avons des doubles foyers. Y compris si nous n’avons pas de lunettes. Parce que nous avons l’Esprit à l’intérieur de nous.
Nous voyons à la fois ce que nos yeux de chair voient, mais nous voyons aussi ce que nous permet de voir l’Esprit-Saint qui est à l’intérieur de nous, à l’intérieur de chaque baptisé.
Notre première lecture nous le rappelait : le baptême, c’est bien, mais il faut recevoir l’Esprit.
Alors, on en a une première dose au baptême… mais comme pour tout bon vaccin, il faut une deuxième ! Et donc, nous avons confirmé notre baptême. Nous avons reçu pleinement l’Esprit-Saint ce jour-là.
Et l’Esprit nous aide à voir les choses, à voir le monde différemment. C’est un sacré double-foyer, ça nous donne une clé de lecture du monde, ça nous permet de lire les événements différemment.
Ça nous permet de penser que rien n’arrive vraiment par hasard, que tout est dans le plan de Dieu, d’une manière ou d’une autre, sur une échelle de temps qui nous échappe complètement. « À tes yeux, mille ans sont comme un jour », dit un psaume.
Voir le monde avec les yeux de chair qui nous ont été donnés, c’est déjà magnifique et n’importe quel malvoyant ou n’importe quel aveugle vous dira combien nous avons de la chance de voir ce qui nous entoure avec nos yeux de chair ! Mais voir le monde avec les yeux de l’Esprit, ça change tout !
Ça change tout, parce qu’alors, enfin, on peut reconnaître Dieu derrière un geste de tendresse, derrière deux ennemis qui font la paix, derrière quelqu’un qui réussit ce qu’il avait toujours raté, derrière – simplement – une personne qui espère et qui rend compte de son espérance, comme nous le disait la deuxième lecture, derrière quelqu’un qui croit et qui en témoigne. Derrière deux personnes qui s’aiment tout simplement.
Voir Dieu dans le monde, c’est ce que nous permettent les verres à double foyer de la foi et de l’Esprit-Saint. Les verres à double foi, en somme. L’Esprit-Saint, le revêtement de ces verres à double foi, c’est l’Esprit de vérité que le monde ne peut recevoir, disait le texte, car le monde ne le voit pas et ne le connaît pas.
C’est exactement cela, vous voyez, c’est sous vos yeux, mais vous ne reconnaissez pas que c’est l’Esprit-Saint qui provoque ce que vous êtes en train de voir…
Le monde voit très bien les gestes de tendresse entre deux amoureux qui s’embrassent ou qui se caressent la main, mais il n’y reconnaît pas la signature de Dieu. C’est ainsi.
Alors que le croyant, lui, vous, moi, nous savons que derrière un geste d’amour, il y a Dieu, puisque Dieu est amour.
Alors, chers Amis, prions pour toutes les personnes qui n’ont pas ce double regard, qui n’ont pas ce double foyer que permet l’Esprit-Saint.
Mais prions aussi pour que nous, qui l’avons, nous sachions l’utiliser !
Parce que c’est bien joli d’avoir l’Esprit-Saint en nous, mais si nous ne l’utilisons pas, ça ne sert à rien.
C’est exactement comme si vous téléchargez une application sur ce genre d’appareil (montre son smartphone). Mais que vous ne l’activez pas. Elle ne sert à rien. Elle est dedans. Mais elle ne sert à rien. Ou bien si vous en avez téléchargé une, que vous l’avez activée, mais que vous ne savez pas l’utiliser. Elle est totalement inutile en ce cas.
Comment faire alors, me direz-vous, pour activer l’Esprit ? Eh bien, c’est ce que vous êtes venus faire ce soir : on active l’Esprit par la prière et par les sacrements. C’est une manière d’activer ce programme fantastique que Dieu a téléchargé en nous ! Et c’est une bonne manière, ensuite, de pouvoir l’utiliser pour voir le monde non pas comme les hommes le voient, mais comme Dieu l’a conçu et comme il l’aime.
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Montreux, samedi 13 mai 2023, 18.00
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