La carte d’identité de Dieu

Image libre de droits : pixabay

Homélie pour le 6e dimanche de Pâques B

Actes 10,25-26.34-35.44-48 / Psaume 97 / 1 Jean 4,7-10 / Jean 15,9-17

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

Chers Amis,

Je viens de me rendre compte que ma carte d’identité est arrivée à échéance hier… Et évidemment, quand on se rend compte de ce genre de choses, c’est toujours au mauvais moment. Dans mon cas, c’est juste quelques jours avant de prendre l’avion pour lourdes avec le pèlerinage de Suisse Romande… sinon ce n’est pas drôle, n’est-ce pas !

Heureusement que j’ai encore mon passeport, tout va bien.

Mais ce petit épisode hier m’a mis en lien avec les lectures que nous venons d’entendre ce soir. Car il se trouve, dans ces textes, une véritable carte d’identité de notre Dieu. Il y a tout !

En somme, si quelqu’un ne connaissait rien au Christianisme et demandait un résumé de ce qu’est notre Dieu, je pourrais lui donner à lire les quatre textes que nous venons de réentendre. Il y a tout.

Commençons par la deuxième lecture, tirée de la célèbre première lettre de Jean. Il s’y trouve le nom de famille de Dieu, ce qui est écrit en premier sur notre carte d’identité, en majuscules.

C’est d’ailleurs sans doute l’un des versets les plus importants de la Bible, si vous ne deviez en retenir qu’un seul, que ce soit celui-ci : trois mots, DIEU EST AMOUR. C’est son nom. Amour.

Voilà. En majuscules, au sommet de la carte d’identité de notre Dieu se trouve le mot AMOUR.

Et tout de suite, on a envie de dire à celles et ceux qui tuent au nom de Dieu, qui jugent au nom de Dieu, qui condamnent au nom de Dieu : qu’est-ce que vous ne comprenez pas dans le mot « Amour » ? C’est son nom, c’est pourtant simple !

Ensuite le psaume nous donnait deux des prénoms de Dieu (même s’il en existe beaucoup d’autres) : justice et fidélité.

Nous avions aussi son métier, dans le psaume : il fait des merveilles. C’est sa spécialité. Regardez où de nouvelles merveilles apparaissent et vous serez en présence de Dieu, à n’en pas douter.

Mais c’est dans la première lecture, le livre des Actes, que nous avions quelques autres précisions – comme d’ailleurs nos cartes d’identité donnent ensuite notre origine, notre lieu de naissance, donc on peut en déduire notre langue maternelle.

On nous disait, dans le livre des Actes, par la voix de Pierre, que Dieu est impartial, qu’il accueille tout le monde quelle que soit la nation.

Il n’y a pas, il n’y aura jamais un clan de Dieu, les bons d’un côté les méchants de l’autre. Pas pour Dieu. Dieu est là pour toutes les nations, de façon impartiale. Son pays d’origine, c’est l’univers. Et il a droit de cité dans tous les cœurs.

On nous disait aussi dans ce même texte que Dieu est Esprit, ce qui dit quelque chose de la langue qu’il parle, puisque quiconque reçoit l’Esprit se met à parler la langue du cœur et à comprendre toutes les langues de la terre, le texte nous le disait.

Dieu, Chers Amis, ne s’embarrasse ni de couleur de peau, ni de langue maternelle, ni de frontière nationale : il les réunit toutes, comme il réunit tous les pays, toutes les langues, toutes les cultures, toutes les races. Et là aussi, on a envie de dire aux nations qui se divisent pour des motifs religieux : qu’est-ce que vous ne comprenez pas là-dedans ? Dieu est universel.

Mais comme toujours, c’est le dernier texte qui est le plus intéressant, le plus important. C’est bien pour cela qu’on l’écoute debout : l’Evangile.

On y retrouve, bien sûr, le nom de famille de Dieu, l’amour, puisqu’on nous parlait du grand commandement : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».

Mais on y trouvait aussi un détail intéressant sur l’adresse postale de Dieu. Et là les choses sont un peu inversées : dans ce texte, on nous rappelait qu’il s’agit de demeurer en Dieu. C’est nous qui avons à poser nos papiers chez Dieu, à faire de sa demeure notre demeure, à élire domicile en Dieu…

Dans ce même évangile on trouvait encore le livret de famille de Dieu, puisqu’il fait de nous ses enfants, qu’il nous aime, et qu’il nous invite à porter à notre tour du fruit… puisqu’il est allé lui-même jusqu’à donner son Fils, notre frère Jésus, qui, lui-même, a donné sa vie pour nous.

Vous voyez : il y avait tout. Ou presque… car il manque un détail important de nos cartes d’identité : la photo-passeport !

Alors bien sûr, Dieu, personne ne l’a jamais vu.

Même si, dans un autre passage du même Evangile de Jean, Jésus nous dit que celui qui l’a vu, lui, Jésus, a vu le Père.

Mais ça, ça vaut pour les disciples de l’époque. Nous, ça nous fait une belle jambe ! 2000 ans plus tard, on ne peut pas voir Jésus ! Donc… comment pourrions-nous avoir la photo qui manque à notre carte d’identité ?

Lorsque Jésus prononce ces paroles ce jour-là, il dit tout cela pour que ceux qui l’entendent, nous aussi aujourd’hui, reflètent Dieu, reflètent son visage dans le monde. Pour que nous soyons nous-mêmes, tous ensemble, la photographie d’identité de Dieu. Pour qu’un jour le monde entier, en mettant ensemble tous les visages de tous les êtres humains, reflète le visage de Dieu… puisqu’il nous a créés à son image.

Pour cela, un point essentiel, c’est la grosse, grosse différence avec nos cartes d’identité, c’est la joie.

Ah oui, je ne sais pas si vous êtes allés refaire vos papiers récemment mais vous savez que désormais il est strictement interdit de sourire sur nos photos-passeports ! Si vous souriez, elle n’est pas valable, c’est refusé ! C’est comme ça, on a tous des têtes d’assassins sur nos papiers d’identité !

Mais pour refléter le visage de Dieu, évidemment, ce n’est pas l’idée ! C’est exactement l’inverse !

Et c’est là que ce petit mot qu’on a entendu deux fois dans l’Evangile est si important : la JOIE.

Ce pour quoi Jésus dit tout cela, le commandement de l’amour, l’importance de porter du fruit, de demeurer en Dieu, le fait d’être appelés ses amis, le pourquoi de tout cela c’est… la JOIE.

Et il nous le dit : « Je vous dis cela, dit Jésus, pour que ma joie soit en vous et pour que votre joie soit parfaite ! »

Si nous voulons, ensemble, révéler la photo-passeport de Dieu, compléter ensemble son visage comme un puzzle composé des 8 milliards de visages des êtres humains, il est indispensable que la joie soit sur notre visage.

La joie fait partie de notre foi. Elle est le visage de la carte d’identité de Dieu aussi sûrement qu’elle nous est interdite sur nos propres cartes d’identité à nous ! 

Alors, Chers Amis, reflétons plus que jamais le visage de Dieu, par notre joie, puisque nous connaissons maintenant sa carte d’identité. Soyons des reflets de Dieu dans ce monde, en pratiquant la justice, la fidélité, l’impartialité, en répandant l’amour autour de nous.

Et j’ajoute ceci – qui n’est pas le moins important de toute cette histoire de carte d’identité – peu importe la validité de votre carte d’identité civile ! Celle du ciel, elle, n’a pas de date de péremption. Elle est valable en tout pays, en tout lieu, sans visa, et pour la vie éternelle !

________________________________________

Champex, samedi 4 mai 2024, 17.00

Aigle, dimanche 5 mai 2024, 10.00