Guérir nos lèpres intérieures

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Photo libre de droits : pixabay

(enregistrement réalisé par la Radio Télévision Suisse Romande)

Chers Amis,

Le thème de nos lectures de ce matin n’est vraiment pas très réjouissant, il faut bien le reconnaître : c’est la lèpre. Vous l’avez entendu dans la première lecture, le livre des Lévite et puis à l’instant, dans l’Évangile.

Même si elle est encore présente dans de nombreux – dans de trop nombreux – pays du monde, particulièrement dans l’hémisphère sud, Dieu merci, on sait soigner la lèpre aujourd’hui. Mais comment ne pas y penser en ce 11 février, journée mondiale des malades ?

Pour ce qui est de la Suisse, la lèpre a disparu de notre pays au 18e siècle, avec une brève réapparition en Valais il y a une centaine d’années. Mais c’est aujourd’hui, Dieu merci là encore, de l’histoire ancienne.

Et pourtant… et pourtant, Chers Amis, vous qui êtes ici à Leysin, vous qui nous écoutez par la magie des ondes de la radio, pourtant nous sommes tous atteints de lèpre, vous et moi. Tous. Nous avons chacun, chacune nos lèpres qui nous rongent non pas le corps, mais nos lèpres intérieures qui nous rongent l’âme et le cœur.

Et le Carême, qui commence ce mercredi, est un excellent moment pour soigner nos lèpres intérieures.

Elles ne sont pas aussi visibles que la lèpre classique, bien sûr. Mais elles rongent tout autant et parfois, elles vont même jusqu’à nous rendre infirmes ou déformés, infirmes du cœur ou déformées de l’âme.

Ces lèpres intérieures s’appellent la jalousie, la médisance, les ragots, le mensonge, la dissimulation silencieuse, le jugement de l’autre dans notre cœur. La calomnie, quand ce jugement dépasse nos lèvres.

Ces lèpres-là, Chers Amis, son pires que la vraie lèpre. Parce qu’elles font à la fois du mal à celui qui les porte, mais aussi à son prochain, à l’autre. Elles défigurent celui que l’on juge ou que l’on jalouse, elle pose des étiquettes, ces lèpres-là. Elles nous rongent aussi sûrement que le pire des cancers.

Elles nous tuent l’âme à petit feu parce qu’elles nous habituent peu à peu à penser du mal d’autrui, à dire du mal à voir tout en négatif.

Ces lèpres-là, Chers Amis, ne connaissent aucune frontière. Et elles sont contagieuses, grandement. Elles ne sont éradiquées pour le moment d’aucun pays connu sur la terre.

Et si nous voulons bien être honnêtes, vous et moi, je crois que nous sommes contraints de reconnaître que nous les connaissons bien.

Enfin, sauf si l’un ou l’une de vous se dit : « Quoi, moi ? Mais jamais de la vie ! Mais qu’il parle pour lui, ce prêtre ! Moi, je n’ai jamais dit du mal de qui que ce soit dans ma vie ! Je n’ai jamais pensé du mal de qui que ce soit dans ma vie ! Je n’ai jamais jugé qui que ce soit dans mon cœur ! » Celui ou celle qui penserait ça, Chers Amis, non seulement serait un menteur, mais serait gravement atteint d’une lèpre plus redoutable encore, celle qu’on appelle l’orgueil.

Alors j’ai bien conscience qu’avec ces lèpres intérieures, je ne suis pas en train de vous brosser un tableau très agréable ce matin… Pourtant, et c’est cela la bonne nouvelle, pourtant, il existe un remède à ces lèpres-là.

Et nous l’avons entendu, ce remède… dans la deuxième lecture ce matin, qui nous a été lue en espagnol ici, mais dont vous avez eu, Chers Auditeurs, la traduction en français, tout à l’heure. Nous l’avons entendu, le remède que nous donne Paul.

La première lecture parlait de lèpre, certes, l’Evangile parlait de lèpre, certes, mais au milieu, comme une petite perle, il y avait cette lettre de Paul qui nous donnait le médicament, son médicament à lui. Un médicament qui n’est pas remboursé par les assurances maladie, certes, mais ça tombe bien, parce qu’il est gratuit ! Un médicament que nous pouvons tous mettre en application si nous le voulons bien.

Laissez-moi vous relire la phrase de Paul qui correspond à ce médicament : « Je tache, disait Paul, de m’adapter à tout le monde sans chercher mon intérêt personnel, mais celui de la multitude des hommes pour qu’ils soient sauvés. »

Alors permettez-moi de reprendre point par point parce que c’est du Paul, hein, donc c’est dense !

« Je tâche de m’adapter à tout le monde. » Voilà un très bel exercice pour le Carême qui s’annonce, Chers Amis !

Avant de juger quelqu’un qui ne pense pas comme nous, ou qui n’est pas comme nous, ou qui n’agit pas comme nous, essayons de nous adapter à cette personne dans notre cœur. Essayons de penser de là où elle pense. Essayons de voir les choses de là où elle les voit. Essayons, comme le dit le proverbe, de marcher au moins une journée dans ses chaussures pour comprendre quelle est sa vie et pourquoi elle pense ainsi…

Paul continue en disant : « je ne cherche pas mon intérêt personnel, mais d’abord celui de la multitude. » Ah, ça aussi, c’est un autre bel exercice de Carême ! Ne pas chercher notre intérêt personnel, mais celui de la communauté…

Est-ce que je cherche ce qui est intéressant pour moi ? Ou est-ce que j’essaie de chercher d’abord ce qui va être important pour l’autre, pour mon voisin, pour la personne qui habite la même commune que moi, le même village que moi, le même quartier que moi ? Voilà un agir citoyen !

Plutôt que de voir mon petit intérêt personnel en trouvant par exemple que je paie trop d’argent pour ci ou pour ça, si je réfléchissais à l’intérêt de mes voisins, à l’intérêt des retraités de ma commune, à l’intérêt des habitants de mon village ? Et si, pour une fois, je faisais passer leur intérêt à eux avant le mien ? Voilà ce que suggère Paul.

Je vous donne un exemple très concret : pour ma part, je pourrais très bien dire que je n’ai pas à payer l’assurance maternité… C’est vrai, c’est très injuste ! Ayant fait vœu de célibat, à priori, elle ne me servira jamais à rien et l’épouse que je n’ai pas n’en profitera jamais non plus ! C’est très injuste que je la paie, vous ne trouvez pas ? …Mais bien sûr que non, ce n’est pas injuste, c’est parfaitement normal ! Elle est retenue de mon salaire comme du vôtre et c’est très juste.

C’est une assurance qui sert les intérêts de la communauté ! D’autres personnes que moi, certes, mais je la paie avec bonheur parce que c’est juste.

Et d’ailleurs, cette assurance permet aux enfants à naitre et à leurs futurs parents de naître dans de bonnes conditions, de les accompagner dans de bonnes conditions.

Peut-être quand même qu’en y réfléchissant bien, ça sert aussi mon intérêt futur…

Paul termine en disant qu’il faut vouloir que les autres soient sauvés. Voilà un dernier magnifique exercice de Carême, Chers Amis, avant de chercher à ce que je sois sauvé aux yeux de Dieu, demandons-nous ce que nous pouvons faire pour que les autres soient sauvés. Avant nous si possible !

L’autre, celui que je juge, celui que je critique, qu’est-ce que je peux faire pour que lui soit sauvé d’abord ?

Voilà un très bel exercice pour notre prière, aussi, parce qu’évidemment, l’une des choses que nous pouvons faire, c’est prier pour cette personne. Prier pour son salut plutôt que de la critiquer, plutôt que d’appeler le feu du ciel sur elle.

Quand quelqu’un nous énerve, quand une personne ne nous revient pas, essayons d’abord de prier pour cette personne avant de la juger dans le fond de nos cœurs.

Avec tout cela, Chers Amis, je crois que nous avons du grain à moudre pour le Carême qui approche et qui sait, peut-être parviendrons-nous un jour – cette année pourquoi pas ? – à éradiquer nos lèpres spirituelles ? Ce serait alors le Royaume de Dieu, à n’en pas douter. Et ça tombe bien puisque nous sommes appelés à le construire ensemble.

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Leysin-Village, dimanche 11 février 2024, 9.00 (retransmis sur RTS-Espace 2)

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