Homélie pour la Solennité de l’Epiphanie
Isaïe 60,1-6 / Psaume 71 / Ephésiens 3,2-3a.5-6 / Matthieu 2, 1-12
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> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :
Feuillet explicatif distribué téléchargeable ici :
Chers Amis,
Dites-moi, est-ce que vous êtes jaloux ? …ah je vois quelques hochements de têtes… verticaux ou horizontaux, ça dépend…
Pour ma part c’est un sentiment que j’ai le bonheur de très peu connaître.
Mais il y a quelques années en famille, je me suis surpris à jalouser un cadeau fait à l’un de mes frères ! Un tout petit peu, hein…
Il faut dire aussi que, comme chaque année, j’avais demandé à ne recevoir que des choses très simples vu que le petit deux-pièces dans lequel je vis, près de l’hôpital, est déjà bien-bien-bien rempli de livres… et que nous autres les prêtres, nous n’avons pas besoin de grand-chose, il faut bien le reconnaître.
Mais là, ce cadeau qu’avait reçu un de mes frères, celui-là m’aurait fait plaisir.
Peut-être est-ce un sentiment que vous avez déjà ressenti devant un cadeau, le cadeau fait à quelqu’un d’autre.
Pour moi c’était relativement nouveau. J’ai quantité de défauts, mes amis le savent bien, mais la jalousie… pas vraiment. Et là, pourtant, l’espace de quelques secondes, la jalousie m’a mordu le cœur.
Et ça m’a fait réfléchir à ces cadeaux que ces trois personnages que nous fêtons aujourd’hui, les Mages, offrent à Jésus…
Ces Mages qui ne sont donc pas des rois même si le prophète Isaïe et le psaume nous prédisent que les rois, aussi, viendront se prosterner devant Jésus, ces Mages qui sont des savants, des scientifiques, des chercheurs, venus de loin, ces Mages apportent des cadeaux assez somptueux, à Jésus, il faut bien le dire. De l’or, de l’encens, de la myrrhe.
Nous connaissons bien sûr, et je vous l’avais redit l’an dernier, nous connaissons la symbolique liée à ces cadeaux puisque chaque objet est lié à l’une des découvertes que nous faisons au sujet de Jésus.
« Epiphanie », ça veut bien dire « manifestation de ce qui était caché », donc il y a trois choses cachées en Jésus que nous révèlent ces trois cadeaux, nous le savons bien.
L’or, qui est le métal des rois, nous dit la royauté de Jésus, le seul roi c’est lui – et c’est bien ce qui inquiète Hérode !
L’encens dont la fumée monte vers Dieu comme notre prière, comme le dit un psaume, l’encens dit la divinité de Jésus, il est Dieu ce petit d’homme.
Et la myrrhe – le parfum qui servait à embaumer les morts – nous dit que ce petit roi va vaincre la mort.
On connaît aussi la raison des couleurs de peau différentes des mages, pour symboliser que le salut est venu pour la terre entière, pour tous les hommes !
Gaspard a en général la peau jaune parce qu’il est venu d’Asie, c’est lui qui apporte l’encens utilisé majoritairement sur ce continent.
Balthasar vient d’Afrique, là où pousse l’arbre à myrrhe – le cadeau qu’il apporte – et il a donc traditionnellement la peau noire.
Et Melchior, presque toujours représenté avec une longue barbe pour dire son grand âge vient du vieux continent, l’Europe, et il a donc la peau blanche. C’est lui qui apporte les richesses du continent des riches, l’or.
On peut déplorer que l’Europe soit nommée le continent des riches, ceci dit. Mais à l’époque où les Mages ont été affublés de tout cela, c’était le cas.
Et si à cette même époque on avait déjà découvert l’Amérique, il y aurait sûrement eu un quatrième Mage à la peau rouge, mais ce n’était pas encore le cas.
Même si parfois on pense qu’il y avait un quatrième Mage qui était une femme, vous savez cela : il y a Gaspard, Melchior, Balthasar… et pis Fanny (Epiphanie) bien sûr… non je suis dur avec vous, au lendemain d’un premier janvier, de faire des jeux de mots.
Il y a plus, nous le savons bien : ces trois cadeaux nourrissent les trois vertus théologales, la Foi, l’Espérance et la Charité.
Puisque… l’encens qui dit que Jésus est Dieu nourrit notre Foi ; la myrrhe qui dit sa victoire sur la mort nourrit notre espérance de vaincre nous aussi la mort un jour ; et enfin l’or nous rappelle que la charité est une vertu essentielle et qu’il s’agit de donner ce que nous avons à ceux qui en besoin.
Je vous rappelle tout cela mais vous le savez par cœur n’est-ce pas… Au cas où il y aurait un petit défaut de mémoire, ceci dit, je vous ai repréparé le petit feuillet que je vous avais donné l’an dernier et qui réexplique tout ça. Je vous le donnerai tout à l’heure.
Mais il y autre chose à voir dans ce mystère : sur toutes les représentations de l’Epiphanie, vous voyez exactement la même chose, un point commun, que ce soit sur un tableau de la renaissance, un dessin d’enfant d’aujourd’hui, une gravure plus antique… Un point commun, comme d’ailleurs sous nos yeux ici dans cette crèche : les trois Mages regardent tous les trois dans la même direction, ils regardent Jésus tout en offrant leurs cadeaux.
Et remarquez bien que… aucun ne regarde le cadeau de l’autre ! Aucun ne jalouse ce que l’autre a apporté !
Non, ils regardent tous ensemble vers Jésus, ils l’adorent. Ils regardent ensemble dans la même direction.
Antoine de Saint Exupéry le disait très bien : « Aimer, ce n’est pas se regarder l’un l’autre, c’est regarder ensemble dans la même direction. »
Ils ont compris que ce petit être est l’Amour absolu.
Ils ont compris qu’au-delà de la richesse de leurs cadeaux, le cadeau des cadeaux c’est Jésus, précisément. Et ils le regardent avec un regard d’amour.
« Regarde ! » disait Isaïe dans la première lecture. « Regarde ! Sur toi se lève le Seigneur ! »
Tous les rois de la terre dont parle le psaume sont certainement venus, eux aussi, regarder ce bébé. Sauf Hérode, on sait bien la fureur dans laquelle il est entré par la suite. Ils sont venus lui apporter leurs offrandes, se prosterner devant lui, devant ce mystère : un petit d’homme qui est Dieu.
Ce mystère dont parle l’apôtre Paul dans la deuxième lecture, la lettre aux Ephésiens, ce mystère c’est aussi ce cadeau fait à notre monde, parce qu’en Jésus, ce cadeau pas comme les autres qui vient tuer la jalousie, l’orgueil, l’envie, les mauvais sentiments, et répandre l’Amour, en Jésus c’est le monde entier qui est sauvé !
Jésus est bien le cadeau des cadeaux, et c’est bien en son honneur qu’on s’offre des cadeaux en cette période de l’année.
Ce mystère, dévoilé dans l’Epiphanie, c’est qu’il n’y a plus de différences entre nous. Les différences, c’est précisément ce qui crée la jalousie. Mais en Jésus, il n’y en a plus.
Il n’y a plus de différences en Christ parce qu’il veut que nous soyons Chacune, Chacun héritiers du Royaume, associés à son Amour, les croyants comme les autres, peu importe notre provenance, notre couleur peau.
Alors même si le petit soupçon de jalousie que j’ai ressenti ce jour-là est passé depuis bien longtemps, je m’interroge, Chers Amis.
Et je me dis : et si nous apprenions, plutôt que de nous regarder les uns les autres, et si nous apprenions enfin à regarder ensemble dans la même direction, celle de l’Amour ?
C’est ce que je me suis dit encore il y a une semaine, alors que nous fêtions à nouveau Noël avec mes trois frères et mes parents.
Et pour la traditionnelle photo que Maman tient toujours à prendre de nous quatre, il se trouve que nous regardions ensemble vers la même direction. Vers l’appareil photo, oui, mais vers celle qui nous avait donné la vie, aussi.
La photo qui en a été tirée nous renverra l’image de notre Amour. Et de Celui qui est l’Amour absolu et qui nous rassemble chaque année au jour de sa naissance.
Et vous savez quoi ? Ce petit cadeau que j’avais jalousé jadis… eh bien je l’ai reçu cette année !
« Aimer, ce n’est définitivement pas se regarder l’un l’autre, c’est regarder ensemble dans la même direction… »
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Les Diablerets, samedi 1er janvier 2021, 17.00
Aigle, dimanche 2 janvier 2021, 8.30
Aigle, dimanche 2 janvier 2021, 10.00 (version enregistrée)
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