Citoyens des Cieux…

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Chers Amis,

Je commence par vous poser une question : d’où venez-vous ?

Alors je pourrais évidemment récolter toutes vos réponses, noter une à une vos nationalités, et ce serait certainement déjà intéressant de voir à quel pays vous appartenez, quel passeport vous avez…

Mais permettez que je pose la question différemment : d’où êtes-vous citoyen ?

Alors j’entends les soixante-huitards et leurs héritiers me dire déjà fièrement : « Moi, je suis Citoyen du Monde, Monsieur ! » et c’était une réponse habituelle à l’époque, hein, j’en vois certains qui sourient à cette évocation. Et j’ai envie de leur dire :

  • Boomer ! Vous êtes complètement dépassés ! On a beaucoup, mais alors beaucoup mieux à vous offrir !
  • Ah ouais ? De quel droit dire cela ?
  • Eh bien, je dis cela parce que je suis chrétien.

Et comme chrétien, je ne suis pas d’abord citoyen helvétique ou citoyen du monde. Le monde, la planète, c’est un peu petit pour moi. Oh, je ne suis pas présomptueux en disant ça : je suis citoyen des Cieux. Et ce n’est pas moi qui le dis, c’est Paul dans la deuxième lecture, qui nous le disait : « Vous êtes citoyens des Cieux ! »

C’est dire que notre petite planète, ce n’est pas grand-chose, hein ! Parce que les Cieux, pour ce qu’on en connaît et ce qui est observable actuellement, on en est à une sphère de 93 milliards d’années-lumière de diamètre ! Je ne suis même pas sûr que mon pauvre petit cerveau puisse concevoir un truc pareil ! Ça fait beaucoup, 93 milliards d’années-lumière de diamètre ! Et encore, ce n’est que ce qui est observable !

On prête très volontiers à Einstein ce bon mot : « Il y a deux choses infinies dans le monde, la bêtise des hommes et l’univers. Mais pour la deuxième, je n’en suis pas certain. »

Je vous laisse tourner la phrase dans la tête pour en prendre la portée…

Nous sommes donc citoyens des Cieux.

Et nos textes de ce matin étaient parsemés d’évocations de notre patrie, le ciel.

On a d’abord entendu un extrait du tout début de nos Bibles, le premier livre, le livre de la Genèse, qui mettait en scène notre ancêtre à tous, Abraham. Avant, d’ailleurs, qu’il s’appelle Abraham : dans cette première lecture, il s’appelle juste Abram. Il n’a pas encore reçu le « h » qui dit son alliance avec Dieu, tout comme son épouse s’appelait Saraï à l’époque, avant de recevoir le « h » final qui dit le souffle de Dieu dans son nom. Deux « h » qu’on retrouve d’ailleurs dans le nom divin dans l’Ancien Testament, YHWH… mais laissons ce cours de théologie de côté, il y aurait beaucoup à dire sur le nom d’Abram, devenu Abraham.

Ce qui est intéressant pour nous ce matin, c’est ce que lui dit le Seigneur : « Regarde le ciel, regarde le ciel, Abram ! Et compte les étoiles si tu le peux ! »

Vous pouvez déjà essayer ici à Montreux, par une belle nuit d’été.

Ou alors encore mieux, vous montez en montagne, beaucoup plus haut. Vous allez voir des milliards de petits points blancs dans la nuit. Si vous vous amusez à les compter, je vous souhaite bon courage !

« Regarde le ciel, Abram ! »

L’Évangile nous parlait du ciel aussi. Il mettait en scène la fameuse transfiguration de Jésus. Un mot compliqué pour dire une chose toute simple : « tra » et « figure », ça veut dire « à travers la figure », « Transfiguration ».

Qu’est ce qui est passé à travers la figure de Jésus ce jour-là ? La lumière. La lumière de Dieu. Il s’est fait vitrail de son Père. La lumière l’a traversé.

Cette lumière d’un blanc incroyable, plus blanc que blanc, disent certains Évangiles… Mais c’est la même lumière dont parlent celles et ceux qui ont approché les portes de la mort et qui en sont revenus, et qui parlent d’une grande lumière blanche, immense. C’est la même, c’est la lumière de Dieu, la lumière céleste !

Et puis il y avait d’autres éléments relatifs au ciel, la nuée bien sûr. Et cette voix dans la nuée qui ne venait pas de n’importe où, mais précisément du ciel. Cette voix qui disait : « Celui-ci, c’est mon Fils. Écoutez-le ! Écoutez-le ! »

Un autre point commun intéressant pour nous, entre ces textes ce matin, c’est la peur, la frayeur vis-à-vis de Dieu. Abram a très peur alors qu’il met en scène les sacrifices de l’époque avec des sacrifices d’animaux. Il a très peur quand il se rend compte que c’est Dieu qui est là.

Et les disciples Pierre, Jacques et Jean ressentent une très grande frayeur, aussi, lorsqu’ils voient ce qui se déroule sous leurs yeux sur la montagne.

Peut-être que nous, à leur place, on n’aurait pas fait les malins non plus, hein, faut bien le reconnaître !

Mais c’est une vraie question dans notre chemin de Carême : est ce que nous avons peur de Dieu ?

Je ne suis pas un prédicateur des siècles passés dont le but était de vous dire : « Attention ! », de vous faire peur : « Si vous ne faites pas tout correctement, vous n’irez pas au ciel ! » Non, on n’en est plus là aujourd’hui, heureusement, on a compris deux-trois choses.

Mais il peut nous rester quelques éléments de peur vis-à-vis de Dieu et, des fois, on a ça bien-bien-bien caché au fond du cœur. Notamment dans nos démarches de Carême, que l’on vit comme des cases à cocher. On dit : « Bon ça, c’est fait… ça, c’est en train… ça, j’ai pas encore réussi… ça, si j’y arrive pas, faudra peut-être que j’aille me confesser… »

Je me demande, parfois, si nous ne sommes pas des contrebandiers avec Dieu.

Le contrebandier, vous savez bien ce que c’est ? Il transporte des trucs pas très nets et il a peur de la douane… Nous aussi, nous transportons des trucs pas très nets dans notre cœur, parce que nous sommes des êtres humains. Est-ce qu’on a peur de la douane ? Dans ce cas, nous serions dans une relation de contrebandiers avec Dieu.

Mais nous n’avons pas à avoir peur de la douane : nous avons un passeport à étoiles, Chers Amis ! Je ne parle pas du passeport européen, c’est de la gnognotte à côté du nôtre ! Non, nous avons un passeport avec les étoiles du ciel, nous !

Le douanier ne nous attend pas pour nous mettre des taxes qu’il aurait subrepticement élevées, comme un Donald Trump du ciel. Il ne nous attend pas en disant : « Ah non, cette nationalité-là, du coup, ça passe plus ! » Non, il nous attend les bras ouverts, heureux lorsque nous le rejoindrons.

C’est notre patrie, le ciel. Nous ne sommes pas en fraude en passant cette douane !

Et Jésus passe son temps, dans les Évangiles, à nous le dire : « N’ayez pas peur ! N’ayez pas peur ! Ça c’est l’ancienne Alliance, c’est les sacrifices de l’Ancien Testament, où on avait peur. Vous, n’ayez pas peur ! »

L’apôtre Paul, lui aussi, passe son temps à nous le dire, à nous rappeler qu’il était un sacré voyou, un criminel même, mais que Jésus sur la croix a tout pris sur lui, qu’il a tout pardonné. Qu’il s’est sacrifié pour nous !

Notre Dieu, Chers Amis, en Carême, ne doit pas être notre ventre, comme le disait Paul dans la deuxième lecture. Ni les couvertures de nos magazines, la gloire. Notre Dieu, c’est le roi du ciel dont nous sommes les citoyens !

S’il y a une chose à confesser en Carême, s’il y a une chose dont nous devrions nous faire pardonner, c’est de n’avoir pas encore compris cela, de n’avoir pas encore compris à quel point Dieu nous aime, à quel point nous sommes citoyens du Ciel. À quel point il se réjouit de nous y retrouver !

Reste à le trouver aussi ici-bas. Et ça, c’est facile, c’est le psaume qui nous donnait la clé : Dieu est sur chacun des visages que nous croisons. « Je cherche ton visage », disait le psaume, mais nous le trouvons sur chacun des visages que nous croisons ici à la messe, comme à l’extérieur.

Puissions-nous dire, alors, à chaque personne que nous croiserons aujourd’hui : « Tu viens d’où, toi ? Ah, c’est intéressant. Eh bien moi, je suis citoyen du Ciel. Et si tu veux, je t’emmène visiter ma patrie à travers la prière, le partage, le fait de faire du bien autour de nous… Viens, je t’emmène visiter, ça vaut la peine d’être citoyen du Ciel, tu verras… »

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Bex, samedi 15 mars 2025, 18.00

Villeneuve, dimanche 16 mars 2025, 9.30

Montreux, dimanche 16 mars 2025, 11.00 (version enregistrée)

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